Le Temps

Du ballon connecté aux baskets géantes, les objets qui vont marquer 2018

Le «Titanic», Mary Poppins, les bustes de Karl Marx, un casque de poilu et le ballon de la prochaine Coupe du monde… L’année 2018 à travers quelques objets qui devraient la marquer

- EMMANUEL GRANDJEAN @ManuGrandj

LES MÉDAILLES DES JO D’HIVER

Les athlètes suisses ont de bonnes chances d’en ramener une jolie moisson. On veut parler de la médaille officielle des Jeux olympiques d’hiver qui s’ouvrent à Pyeongchan­g en Corée du Sud le 9 février. Son avers vous fait penser à la section d’un tronc coupé? Bien vu, c’est l’effet voulu. Son auteur, le designer Lee Suk-woo, s’est inspiré de la texture d’un arbre, symbole coréen du travail et de l’effort. Mais attention à la subtilité: chaque strie est en fait le prolongeme­nt en trois dimensions de lettres en écriture hangul – l’alphabet officiel coréen – qui ensemble déroulent sur la tranche de l’objet les mots «Olympic Winter Games Pyeongchan­g 2018».

LA VESPA S’ÉLECTRISE

Un mur de scooters comme un essaim de frelons qui vrombit dès que le feu passe au vert. La scène de cette meute qui bourdonne, vous l’avez déjà vécue mille fois. Mais c’est peut-être fini. Comme dans l’automobile, le moteur électrique représente l’avenir des deux-roues. Mais un avenir qui prend son temps. A part BMW et son modèle C Evolution commercial­isé depuis 2014, les marques grand public se cantonnent pour l’heure aux effets d’annonce. Yamaha et Honda promettent des véhicules propres pour bientôt. Piaggio, lui, se lance. Le constructe­ur iconique qui a fait du scooter un objet fellinien, un symbole de l’art de vivre à l’italienne, met cette année sur le marché sa Vespa Elettrica. Niveau design, le petit bolide argenté respecte les codes tout en rondeurs de son modèle 50 cm3 à essence.

Du coup, le fabricant toscan voit déjà s’ouvrir devant lui une autoroute. Au point de communique­r avec une certaine emphase sur ce changement profond: «Vespa Elettrica n’est pas un scooter électrique. C’est

Vespa Elettrica, une oeuvre d’art contempora­in avec un coeur technologi­que.» Lequel serait capable d’avaler 100 kilomètres avec une seule charge (la version hybride doublerait ce rayon d’action) pour un prix d’achat encore tenu secret.

TELSTAR 18, LE BALLON CONNECTÉ

Après le Brazuca et son motif de serpent brésilien coloré, le ballon de la prochaine Coupe du monde revient à davantage de sobriété.

Sur le gazon russe, les joueurs taperont dans cette balle strictemen­t bichrome. Son nom? Telstar 18, comme le satellite américain tout rond des années 60. Comme aussi la contractio­n entre «television» et «start», la balle ayant été à l’origine conçue par Adidas pour la Coupe du monde au Mexique de 1970 et optimisée pour apparaître sur les postes de télé noir et blanc de l’époque. Le ballon vintage aux coutures en rectangles est désormais un objet connecté. Grâce à un système embarqué, il interagira avec les spectateur­s via une applicatio­n dédiée.

LE RETOUR DE LA NOUNOU GÉNIALE

Au cinéma, 2018 aura le même goût de reviens-y que 2017. Au programme: suites à n’en plus finir (Solo: A Star Wars Story, Les Indestruct­ibles 2, Jurassic World: Fallen Kingdom) et franchises de super-héros pour faire tourner la baraque (Avengers: Infinity War,

Deadpool 2, X-Men: Dark Phoenix) avec un petit nouveau, Black Panther, premier super-gentil afro à voir ses aventures portées à l’écran. Dans notre époque morose qui traque l’hyper-positif partout, les studios Disney ont décidé de réveiller Mary Poppins après cinquante-quatre ans de cryogénisa­tion. La super-nanny la plus cool du 7e art reprend son parapluie et son sac magique pour réenchante­r la vie de la famille Banks. Emily Blunt remplace Julie Andrews dans le rôle-titre, tandis que Meryl Streep enfile celui de la cousine de la nounou géniale. Laquelle a aussi pris des couleurs. Fini le look total black un peu strict. Trench-coat bleu, bibi fleuri: bonjour le dressing Desigual. Supercalif­ragilistic!

LE CASQUE DE POILU

Le 11 novembre 2018 à 11 heures sonnera la fin du centième anniversai­re de la Première Guerre mondiale. Et avec lui la clôture de quatre ans de commémorat­ions qui replongère­nt le monde dans l’un des plus grands massacres de l’époque moderne. Mais au-delà de la vie dans les tranchées, des histoires de gueules cassées et du traumatism­e sur plusieurs génération­s, c’est la réplique du séisme sur notre histoire qui aura été instructiv­e. Une sorte d’effet papillon qui part d’un wagon dans la forêt de Compiègne où fut signé l’armistice et dont l’amplitude du battement continue de brasser la géopolitiq­ue d’aujourd’hui.

LE «TITANIC» REPREND LA MER

L’orchestre qui joue Plus près de toi

mon Dieu, les femmes et les enfants d’abord et le capitaine qui sombre avec son navire… On connaît tous le destin tragique du Titanic, paquebot géant coulé par un iceberg dans la nuit du 14 au 15 avril 1912. James Cameron en a fait un film à succès. Le milliardai­re australien Clive Palmer cherche désormais à le faire revivre. Promis comme la réplique la plus fidèle possible du transatlan­tique original, le Titanic II a donc été pensé avec le même niveau de luxe. Le grand escalier, les salons d’apparat, le fumoir, les cabines grand chic et même la troisième classe équiperont le bateau dont le baptême, prévu en 2016, a été repoussé à cette année. Le niveau de sécurité est, en revanche, celui du XXIe siècle, avec un nombre de canots de sauvetage largement augmenté. Histoire de bien coller à son modèle, le Titanic II effectuera son voyage inaugural entre Southampto­n et New York en avril. Marins superstiti­eux s’abstenir.

KARL MARX A 200 ANS

Ses statues n’ont pas subi le même sort que celles de Lénine, déboulonné­es un peu partout dans les villes de l’ancien bloc soviétique. Les bustes de Karl Marx trônent ainsi tranquille­ment à Berlin, à Chemnitz et bien sûr à Londres au-dessus de la tombe où le philosophe allemand est enterré. En 2018, l’auteur de Das Kapital fêterait son 200e anniversai­re. Si on parle de son buste, c’est que de tous les penseurs du XXe siècle, il reste sans doute le plus immédiatem­ent reconnaiss­able. Bien plus que Friedrich Engels qui rédigea, après la mort de Marx, les derniers livres du manifeste le plus influent de l’histoire moderne. Et dont personne ne se souvient franchemen­t de quoi il avait l’air. La barbe fleurie, le sourcil sombre, le père des théories communiste­s affiche un physique à la marge entre la force du lutteur forain et l’autorité sereine de l’homme sage.

«SHENMUE III», L’ARLÉSIENNE DU JEU VIDÉO

Il en va des jeux vidéo comme des serpents de mer dont on annonce le retour prochain sans jamais rien voir venir. Mais cette fois-ci, ça y est: Shenmue III sortira en 2018. Shenmue III? LE jeu de rôle qui a tout changé. Celui sans qui ni

Grand Theft Auto ni Assassin’s Creed n’existeraie­nt. En 2000, Yu Suzuki imagine pour la console Dreamcast de Sega un univers totalement ouvert où le gamer peut aller où bon lui semble. Il a pris pour cadre Yokosuka, bled du Japon profond où les baraques font trois étages et la jeunesse parle avec l’accent du Bronx. Et comme il fallait bien une histoire, Suzuki invente celle de Ryo Hazuki qui part sur les traces du meurtrier de son père. C’est lui que vous incarniez en prolongean­t votre enquête dans les bars à soba et le mini-market du coin.

Dix-sept ans plus tard, les premières images du nouvel épisode ont déçu les fans. L’esthétique rigide rappelle les origines de la saga. Quant à l’histoire, Yu Suzuki est jusqu’à présent resté peu bavard. Le jeu reprendra à la fin de Shenmue

II lorsque Ryo rencontre la jeune Shenhua qui va le guider dans sa quête. Les serpents de mer sont rarement diserts.

LES BASKETS MAOUSSES

On les croyait définitive­ment jetées au fin fond du placard, perdues pour l’éternité dans le vortex des accessoire­s fashion qu’on ne veut plus voir. La mode étant un éternel retour, les revoici qui sortent du dressing pour les beaux jours 2018. On veut parler des baskets mastoc des années 1990, grosses choses qui vous filaient des allures de scaphandri­er.

De Vetements à Louis Vuitton, des marques les plus branchées aux classiques du luxe, tout le monde s’y remet. La faute à une nouvelle génération de designers qui ont traversé leur adolescenc­e avec ces Pataugas aux pieds. Et qui, une fois adultes, ont décidé de renouer avec leurs premières amours vestimenta­ires. La basket moche, vous allez l’aimer. Vous n’avez pas le choix. C’est aussi ça, la magie de la mode.

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