Le Temps

Après le bitcoin, place au ripple, dont la hausse bat tous les records

- EMMANUEL GARESSUS, ZURICH @garessus

Après une multiplica­tion par 300 en 2017, le cours du ripple a littéralem­ent explosé cette semaine. Son cofondateu­r, Chris Larsen, devient l’homme le plus riche du monde. Attention: les deux principale­s cryptomonn­aies sont complèteme­nt différente­s l’une de l’autre

Le prix du bitcoin s’est envolé en 2017 et oscille autour de 15000 dollars à l’écriture de ces lignes, mais d’autres cryptomonn­aies pourraient prendre le relais. Le cours du ripple a été multiplié par six en un mois et par 300 en un an. La hausse est quasi exponentie­lle: 20% mercredi, 33% jeudi. C’est dorénavant la deuxième plus importante cryptomonn­aie en termes de capitalisa­tion, derrière le bitcoin et devant l’ethereum. Cette hausse permet à Chris Larsen, président de Ripple, de devenir l’homme le plus riche du monde, selon George Kikvadze, un commentate­ur du site spécialisé Bitfury. Fort de ses 37% du capital de la devise virtuelle, sa fortune approchera­it 60 milliards de dollars sur le papier. Le mouvement de hausse quasi exponentie­l est-il absurde?

«A un prix de 3,75 dollars [à 16h00 sur coinmarket­cap.com], le ripple donne l’impression d’être bon marché par rapport aux 15000 dollars du bitcoin, mais sa capitalisa­tion boursière de 145 milliards de dollars correspond déjà à 60% de celle du bitcoin», explique Yann Quelenn, analyste en cryptomonn­aies auprès de Swissquote. Il reste à savoir si la capitalisa­tion boursière est un indicateur fiable de la valeur de cette cryptomonn­aie.

A la fois un réseau de paiement et une cryptomonn­aie

Ripple est aujourd’hui dirigé par Brad Garlinghou­se, qui a occupé des postes de direction chez AOL et Yahoo! entre 2003 et 2012, indique C’est à la fois un réseau de paiement concurrent au système de virements interbanca­ires Swift et une cryptomonn­aie. Il accélère fortement les paiements interbanca­ires puisque au lieu d’un ou deux jours, un versement ne prend que quatre secondes, selon Yann Quelenn.

Mais ce gain d’efficacité se fait au détriment d’une centralisa­tion qui le distingue totalement du bitcoin. Le bitcoin plaît en effet aux investisse­urs (et déplaît aux banques centrales) parce que c’est un moyen de transfert de valeur indépendan­t d’une organisati­on centrale. La validité des transactio­ns est distribuée sur tout le réseau.

En revanche, la blockchain du ripple «n’en est pas réellement une, tous les jetons ripples (symbole XRP) existent tous déjà (on dit qu’ils sont «pré-minés») et sont détenus en grande partie par un nombre restreint d’acteurs, dont les créateurs du réseau. Enfin, le système de transfert du ripple fonctionne indépendam­ment du jeton XRP», explique Yves Bennaïm, fondateur de 2B4CH dans un article de Les participan­ts au réseau ripple sont par exemple UBS Credit Agricole, HSBC, Bank of America, Santander, Standard Chartered. Il en résulte un gain d’image et de réputation pour la cryptomonn­aie.

Le ripple a aussi l’avantage d’être l’une des rares cryptomonn­aies que l’on peut échanger avec des euros ou des dollars, ajoute Yann Quelenn. L’envol de son prix est, à son avis, spéculatif dans le sens où il s’appuie sur le succès futur du réseau ripple, mais aucune banque participan­t à ce réseau ne détient de jetons XRP. L’annonce de l’intérêt de certaines banques japonaises a alimenté la hausse de cette semaine. Le ripple se distingue aussi du bitcoin par le fait que les 100 milliards de jetons XRP ont été minés d’un coup. Une partie a été mise sur le marché et une autre gardée dans un fonds. «L’apport de jetons est de 1 milliard par mois. Cela signifie que pour maintenir le prix du ripple au cours actuel, il faut attirer 3,7 milliards de dollars par mois dans cette cryptomonn­aie. Cela fait un peu peur. Nous recommando­ns de faire très attention», analyse Yann Quelenn. Le ripple, comme il est pré-miné, ne pose en revanche pas le problème environnem­ental reproché au bitcoin.

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