Le Temps

Vert est le téléphone rouge entre les deux Corées

- SIMON PETITE @SimonPetit­e

L'image a été diffusée jeudi par l'agence de presse sud-coréenne Yonhap. On y voit un officiel sud-coréen devant un vieux moniteur, style borne de jeux vidéo des années 1980. Un téléphone à fil vissé à l'oreille, il prend des notes. Ce moment très vintage soulève un timide espoir sur la péninsule. Les deux Corées, toujours techniquem­ent en guerre depuis l'armistice de 1953, viennent de renouer le contact interrompu depuis février 2016 et un essai nucléaire nord-coréen.

Le coup de fil a eu lieu mercredi au petit matin, au lendemain de la réactivati­on de la ligne. Ce dispositif a été installé en août 1972 dans le village de Panmunjom, là où avait été signée la fin des combats en 1953. La ligne ne relie pas les deux capitales mais s'arrête de part et d'autre de la ligne d'armistice. Le «téléphone rouge» coréen – l'expression date de la crise des missiles de Cuba de 1962, lorsque Washington et Moscou avaient établi un canal direct pour éviter une troisième guerre mondiale – est en réalité vert.

Purement formel

Posées sur le moniteur de Panmunjom, on remarque deux horloges: une verte, à l'heure sud-coréenne, en avance de trente minutes sur l'horloge rouge et l'horaire de Pyongyang. L'officiel sud-coréen tient le téléphone vert, l'autre appareil, bel et bien rouge, est posé sur le combiné.

«La partie nord-coréenne a téléphoné au Sud et les deux côtés ont examiné leur ligne de communicat­ion», a déclaré un officiel du Ministère de l'unificatio­n. Selon les autorités de Séoul, ce premier contact après des mois de silence a été purement formel. Le Nord a indiqué qu'il n'a aucune informatio­n à donner pour l'instant et qu'il rappellera quand il y aura du nouveau, rapporte encore l'agence Yonhap, pas vraiment avancée.

La Corée du Nord laisse planer le doute sur sa participat­ion aux pourparler­s proposés par Séoul pour la semaine prochaine. L'ONU s'est en tout cas réjouie du rétablisse­ment des contacts entre les deux Corées. Même le président américain Donald Trump, après avoir déclaré qu'il avait un plus gros bouton nucléaire que le dictateur nord-coréen, se félicite maintenant de la reprise du dialogue intercorée­n. Le bouton nucléaire, c'est un peu comme le téléphone rouge. Dans la réalité, il ne suffit heureuseme­nt pas d'appuyer sur un bouton.

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