Décès de l’éditeur Paul OtchakovskyLaurens
CARNET NOIR Le monde des lettres perd un découvreur et un lecteur passionné, victime d’un accident de voiture.
P.O.L, trois lettres pour une maison d'édition. Trois lettres pour un homme, un éditeur remarquable. Le monde des lettres perd un découvreur et un lecteur passionné, Paul Otchakovsky-Laurens, qui vient de s'éteindre à l'âge de 74 ans, le 2 janvier, aux Petites Antilles, dans un accident.
P.O.L, c'est une maison magnifique, dont les livres blancs au papier côtelée à rainures, aux titres bleu foncé frappaient par leur élégance et leur sobriété. Emmanuel Carrère (D'autres vies que la mienne, Limonov, Le Royaume), Martin Winckler et sa Maladie de Sachs, Marie Darrieussecq de Truisme à Notre Vie dans les forêts et, il y a quelques années, avant un divorce retentissant, Camille Laurens avec Dans ces bras-là, figurent au très beau catalogue qu'avait constitué Paul Otchakovsky-Laurens. On y croisait aussi Jean Rolin, Marguerite Duras – qui dirigea une collection dans ses murs – et Georges Perec.
Un regard audacieux
Formé comme stagiaire aux Editions Bourgois, puis chez Flammarion. Paul Otchakovsky-Laurens devient véritablement éditeur en publiant Marc Cholodenko. En 1977, ce grand lecteur crée «P.O.L», une collection qu'il dirige chez Hachette et où il publiera notamment, La Vie mode d'emploi de Georges Perec, Prix Médicis 1978. En 1983, il décide de prendre son autonomie, avec l'appuis d'un grand éditeur, et monte sa propre maison. Vers la fin des années 90, Gallimard entrera massivement au capital de P.O.L, qui conservera cependant toute sa latitude éditoriale.
Ce qui le distingue de ses pairs, c'est son regard audacieux, singulier, sensible à la poésie, aux pas de côté. Un regard de lecteur passionné, méticuleux, qui lit tous les manuscrits qu'il publie. C'est ainsi qu'il repère et fait paraître Atiq Rahimi, qui, avec Syngué Sabour, Pierre de patience, obtiendra en 2008 le Prix Goncourt.
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