«Souviens-toi», policier moyen
◗ Souviens-toi, comme une injonction à une fillette de 8 ans qui a vécu un drame. La nouvelle série de M6, que la RTS dévoile en primeur dimanche, n’a rien à voir avec le roman éponyme bien connu de Mary Higgins Clark. Ici, c’est une création du couple Anne Badel et Pierre Aknine, ce dernier étant aussi réalisateur.
La vision du premier épisode laisse une tiède impression – s’agissant d’une fiction commandée par M6, c’est un progrès depuis Glacé. Tout commence par une sinistre nuit d’orage dramatisée à outrance à l’image. Un couple et son bébé sont assassinés dans leur maison. Seule Madeleine, 8 ans, en a réchappé, s’étant cachée. Un commandant de police, incarné par Sami Bouajila, enquête, sur la base d’éléments ténus: la maison était fermée, l’arme du crime ne figure pas sur place. Et pourquoi tuer le bébé, qui ne pouvait être témoin?
Reste donc Madeleine (Zélie Rixhon), traumatisée et mutique. Laquelle possède peut-être la clé de ce drame. Le commandant a une idée peu orthodoxe. Il reprend contact avec une psychologue qui travaillait naguère avec la police (Marie Gillain), qui demande en échange la réouverture de l’enquête sur le suicide de sa fille. Le commandant accepte, sachant qu’il devra investiguer en cachette. La psy, elle, accueillera Madeleine chez elle, afin d’essayer de la sortir de sa torpeur.
Si les auteurs avaient tenu de manière serrée le point de vue de la gamine, Souviens-toi ferait sans doute un excellent film. Pour une mini-série de six épisodes, on devine qu’il faudra étirer et détourner. La multiplication des personnages, donc des angles de vue sur le drame, alourdie par des flash-back tout à fait inutiles sur la nuit du crime, affadit l’ensemble. Il reste le plaisir de revoir Philippe Duclos, colloqué pour faire le commissaire de tutelle du commandant, de la même manière que le juge dans Engrenages.
La figure interprétée par Sami Bouajila constitue aussi un atout. Voilà un policier sain, qui prend ses enfants dans ses bras et les fait tournoyer à la sortie de l’école, qui semble aimer sa femme. Il a bien sûr un passé chargé qui l’attache à Madeleine, mais c’est un personnage de flic pas obscur, peu tordu, non obsessionnel et manifestement sobre. Ça change.