La neige en abondance a sauvé la station d’Evolène, absente du Magic Pass
Evolène, Arolla et La Forclaz sont les grandes absentes du Magic Pass. En attendant de, peut-être, rejoindre la coopérative, les trois stations de l’Espace Dent-Blanche profitent d’un hiver enfin généreux
Impossible d’apercevoir le moindre skieur. Il y avait bien deux personnes, raquettes à neige en main, qui avaient décidé de se risquer sur des pentes où le danger d’avalanche était au plus haut, en fin de semaine dernière. Mais elles étaient bien seules. Ce vendredi à Evolène, les pistes étaient impraticables, donc fermées pour la journée.
Les rafales de vent de mercredi, dont certaines à plus de 140 km/h, ont formé des congères de plusieurs mètres de hauteur. Et les pluies diluviennes de jeudi les ont transformées en «murs de béton qu’il faudra fraiser», témoigne un employé de la station.
Tous à Thyon
Au centre du village, à l’Hôtel Hermitage, des clients déjà privés de ski la veille cherchent une alternative. Après les intempéries de jeudi, plusieurs routes ont été fermées dans le val d’Hérens. Celle qui mène à Arolla l’est encore. Ils feront finalement une trentaine de minutes de voiture pour rejoindre la station de Thyon, dans la vallée voisine.
Thyon fait partie du domaine des 4 Vallées. Mais elle appartient simultanément à un autre ensemble: le secteur Printze – plus ou moins les mêmes stations que les 4 Vallées, mais sans Verbier. Jusqu’à cette année, Evolène était elle aussi associée à Printze. Et selon Olivier Gaspoz, administrateur de Télé-Evolène, c’est à cause de cet accord commercial historique que sa station n’a pas été invitée à participer au Magic Pass.
Outre le domaine des 4 Vallées, Evolène et les voisines de La Forclaz et d’Arolla sont, dans le Valais romand, les grandes absentes de la coopérative créée le printemps dernier. En proposant un forfait de saison pour 25 stations romandes à prix cassés, le Magic Pass veut reconquérir les skieurs qui ne sont plus venus sur les pistes ces dernières années.
Les recettes s’envolent
Anzère, Nax, Ovronnaz, Grimentz, Zinal ou encore Chandolin ont toutes fait le même pari. Evolène ressent-elle les effets de cette concurrence tout autour d’elle? «Certains clients fidèles, propriétaires de résidences secondaires, ne comprennent pas pourquoi nous ne faisons pas partie de cette offre. Ils râlent mais ils achètent quand même un forfait», sourit Olivier Gaspoz.
S’il se permet de le raconter ainsi, c’est parce que les chiffres du début de l’hiver sont enthousiasmants. Par rapport à l’an dernier, les ventes d’abonnements ont certes baissé de 15%, mais le chiffre d’affaires des journées skieurs est en hausse de 820%, à 102500 francs. Quant au restaurant d’altitude, situé à l’arrivée du télésiège, ses recettes ont augmenté de 580%.
Ici comme ailleurs, le début de saison a été exceptionnellement favorable. Les hôtels et logements affichent tous des taux de réservation plus élevés que la moyenne. Depuis début décembre, la fréquentation du magasin Sport Evasion a elle aussi nettement augmenté. Skis alpins, de randonnée, skis de fond, raquettes… La location de matériel bat son plein, témoigne sa propriétaire, Sandrine Vernier. «La différence avec l’hiver dernier est flagrante. A la même période, nous louions des vélos… Nous avons eu beaucoup de travail pendant ces vacances. Pour l’instant, c’est très positif. La suite de la saison devrait l’être aussi.»
Trois destins à choix
Pour Olivier Gaspoz et la direction de Télé-Evolène, la deuxième partie de la saison sera celle des choix. Trois options s’offrent à la société: rejoindre le Magic Pass, rediscuter d’une collaboration avec les membres du secteur Printze ou rester seule. «Evolène a toujours eu un statut particulier, pourquoi ne pas continuer ainsi?»
La région vit donc un hiver de transition. En attendant de décider de son destin commercial, Evolène s’est associée au Winterpass, qui permet d’acheter une carte journalière à moitié prix dans une quinzaine de stations partenaires. Les choix à venir vont être cruciaux pour Télé-Evolène, dont le modèle est «sous perfusion communale», précise Olivier Gaspoz. «Nous n’avons certes pas de dettes, mais nous n’avons aucune marge de manoeuvre financière. Notre meilleure alliée reste la neige.»
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