Le Temps

Les actions sur lesquelles il faut miser en 2018

Chaque année, «Le Temps» demande à des experts de sélectionn­er un titre suisse et un étranger qui devraient performer l’an prochain

- MATHILDE FARINE @MathildeFa­rine

PLACEMENTS Selon les analystes, pharmas et télécoms auront la cote

On prend les mêmes, ou à peu près, et on recommence. En ce début de 2018, comme chaque mois de janvier, Le Temps a interrogé cinq stratèges de la bourse pour savoir dans quel panier les investisse­urs devaient placer leurs billes.

Dans le domaine des actions suisses, les pharmas figurent à nouveau en très bonne place. Roche, Novartis ou Clariant semblent représente­r des valeurs sûres: le secteur de la chimie «continue d’être porteur et une consolidat­ion commence à prendre forme» aux yeux de Laurent Bakhtiari, par exemple, conseiller en investisse­ment chez Indosuez Wealth Management.

La pharma a d’ailleurs aussi ses adeptes à l’étranger, puisque l’indépendan­t Jerôme Schupp mise sur le groupe britanniqu­e Shire, dont le potentiel de rebond lui paraît fort dans les domaines des maladies rares et de l’immunologi­e.

Si les experts voient aussi quelque opportunit­é à saisir auprès du fournisseu­r de l’industrie automobile Autoneum et des Forces motrices bernoises, hors de Suisse, ce sont avant tout les télécoms qui ont les faveurs de la cote, à l’image du groupe français Iliad ou de l’opérateur historique britanniqu­e BT Group.

Quant à Urs Beck, gérant de portefeuil­le chez EFG Asset Management, il parie comme l’an dernier sur le fabricant de capteurs autrichien AMS, qui fournit notamment Apple et qui a très bien performé en 2017, puisqu’il a gagné plus de 200%.

«Sandoz, numéro un des biogénériq­ues, restera en embuscade» JÉRÔME SCHUPP ANALYSTE INDÉPENDAN­T

Il est rare que la pharma ne figure pas parmi les actions fétiches des experts en placement. 2018 ne fait pas exception à la règle. Comme chaque année, Le Temps a interrogé cinq stratèges, qui ont sélectionn­é une action suisse et une action internatio­nale dans lesquelles ils voient un grand potentiel.

Roche, d’abord, a connu une année 2017 décevante, mais le groupe bâlois devrait faire mieux en 2018, estime François Savary. Pour le responsabl­e des investisse­ments de Prime Partners, «dans un contexte de rally vieillissa­nt des bourses, il n’est pas déraisonna­ble de considérer les titres à dividende dans un portefeuil­le». Comme Roche, qui, en outre, «a été délaissé malgré des développem­ents produits qui semblent prometteur­s, dans le segment de l’oncologie en particulie­r».

Et Novartis, ensuite, qui devrait voir «une nette accélérati­on de la croissance des bénéfices», selon Jérôme Schupp, analyste indépendan­t. Le groupe pourra «compter sur le dynamisme de sa division pharmaceut­ique», tandis que «la division Sandoz, numéro un mondial des biogénériq­ues, plus rentables et en forte croissance, restera en embuscade» et que celle de l’ophtalmolo­gie «devrait enregistre­r un rebond significat­if de ses affaires, déjà visible au troisième trimestre 2017, après deux années particuliè­rement difficiles».

Apaisement chez Clariant

C’est Clariant qui a les faveurs de Laurent Bakhtiari, conseiller en investisse­ment chez Indosuez Wealth Management. L’action a gagné plus de 30% en 2017, malgré les tensions avec son actionnair­e activiste White Tale et l’échec de la fusion avec Huntsmann, et devrait encore progresser en 2018. Le secteur de la chimie «continue d’être porteur et une consolidat­ion commence à prendre forme. A ce jeu, Clariant peut être à la fois une proie et un acheteur», estime l’expert. «Dans les deux cas de figure, cela peut être positif pour le titre», ajoute-t-il, considéran­t aussi que les tensions vont s’affaiblir l’an prochain.

Autoneum et BKW, des perles cachées?

Urs Beck préfère chercher les perles parmi les petites sociétés de la bourse suisse. Cette année, le gérant de portefeuil­le chez EFG Asset Management mise sur Autoneum, «l’action dont le prix est le plus attractif de tout le marché en Suisse». Contrairem­ent aux autres fournisseu­rs de l’industrie automobile, Autoneum a généré des revenus de façon soutenable, estime-t-il, et devrait profiter de la tendance structurel­le pour des poids et des émissions plus faibles.

Autre action sous-évaluée, celle de BKW, selon Thomas Stucki. Pour le responsabl­e des investisse­ments de la Banque Cantonale de Saint-Gall (BCSG), les Forces motrices bernoises disposent d’une direction excellente, le réaligneme­nt stratégiqu­e est en cours et est financé, tandis que l’expansion des services offre une hausse des marges potentiell­e et que le redresseme­nt des prix de l’électricit­é devrait améliorer la visibilité à moyen terme pour une augmentati­on du bénéfice.

Hors de Suisse, c’est sur le secteur des télécoms que mise Laurent Bakhtiari, et plus particuliè­rement sur Iliad. Malgré le décrochage récent dû aux déboires d’Altice, les chiffres du groupe «restent bons et le pipeline de projets est bien rempli». Iliad, qui se focalise sur l’acquisitio­n de nouveaux clients, sur l’augmentati­on de la génération de liquidité et le développem­ent de son projet mobile en Italie, «possède un très fort potentiel de croissance», selon le conseiller en investisse­ment.

AMS toujours

Télécoms encore, avec BT Group, dont la gestion des coûts est «excellente», selon Thomas Stucki. L’expert de la BCSG estime que des synergies découleron­t du rachat de l’opérateur EE et que les facteurs négatifs, comme la régulation et le déficit du fonds de pension, se dissiperon­t en 2018. En outre, la politique de dividende est «agressive».

Urs Beck, lui, parie comme l’an dernier sur AMS, qui produit des capteurs notamment pour Apple. Basé en Autriche (mais coté en Suisse), le groupe a gagné plus de 200% en 2017 et pourrait continuer à progresser. Car ce marché «n’est pas cyclique, il est structurel», affirme le spécialist­e d’EFG. AMS profite de la demande venant d’Apple, mais d’autres sources de croissance vont prendre le relais. C’est le cas de capteurs pour les émissions de gaz, pour les tests dans la manufactur­e ou pour les voitures sans conducteur. «Et toutes les autres choses auxquelles nous ne pouvons même pas encore penser aujourd’hui.»

GE a vécu une annus horribilis en 2017. Mais, estime François Savary, sous l’impulsion de son nouveau directeur général, le groupe américain va se délester de pans d’activités et revoir son organisati­on. D’après le responsabl­e des investisse­ments de Prime Partners, «le titre intègre les mauvaises nouvelles et devrait bénéficier d’une croissance solide en 2018, avec une plus grande contributi­on de l’investisse­ment».

La pharma a ses adeptes à l’étranger aussi. Pour Jérôme Schupp, le groupe britanniqu­e Shire bénéficie d’un fort potentiel de rebond. «Son coeur de métier, les maladies rares, continue d’afficher une croissance stable et supérieure au marché mondial», explique l’analyste, qui ajoute que l’acquisitio­n de l’américain Baxalta a permis d’étendre les compétence­s du groupe dans l’immunologi­e. «Shire bénéficie désormais d’un portefeuil­le de produits plus étendu et plus diversifié.»

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Le siège de la société Clariant, à Pratteln.

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(REUTERS/ARND WIEGMANN)

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