La Suisse se trouve dans «une impasse bilatérale»
SUISSE-UE Berne est dans «une impasse bilatérale» et ses accords avec l’Union européenne «s’érodent», a estimé samedi aux Entretiens de Verbier l’ambassadeur suisse Henri Gétaz
Invitées à la deuxième édition des Entretiens de Verbier (VS), différentes personnalités ont analysé l’état des relations entre la Suisse et l’Union européenne (UE) et essayé de dessiner leur avenir. Si, pour certains, l’année 2017 s’est révélée «positive», d’autres dressent un constat plus alarmant.
Au niveau institutionnel, «nous sommes dans une impasse bilatérale, dans une impasse stratégique grave», a affirmé Henri Gétaz, chef de la Direction des affaires européennes au Département fédéral des affaires étrangères (DFAE).
En plus, «les accords actuels avec l’UE s’érodent». Les entreprises suisses demandent des mises à jour pour rester compétitives avec celles de l’UE et maintenir les équivalences. «Nous n’avons pas conclu d’accords depuis dix ans» et les inconvénients se multiplient avec des délocalisations et des pertes de croissance.
Pour sortir de l’impasse, il faut parvenir à conclure l’accord institutionnel demandé par Bruxelles et «reconfirmer ainsi la voie bilatérale». Les questions les plus difficiles restent à trancher et il manque «une résolution politique de part et d’autre» pour y parvenir.
Ce sujet est sur la table depuis une décennie. «Il faut passer l’épaule ou renoncer, il y a un rasle-bol politique interne suisse. Le moment politique [du choix] est en train d’arriver», a estimé l’ambassadeur.
L’accord institutionnel est encore loin
Le conseiller d’Etat valaisan Christophe Darbellay a reconnu l’importance de cet accord, mais s’est voulu réaliste. Il a rappelé qu’il faudrait vraisemblablement faire accepter par le peuple le milliard de cohésion ainsi que le nouveau projet de réforme de la fiscalité des entreprises. De plus, deux initiatives de l’UDC sont sur la table, sur les «juges étrangers» et la fin de la libre circulation.
Ases yeux, l’accord institutionnel est repoussé de fait jusqu’à 2020. Quelques minutes auparavant, l’ambassadeur de l’UE en Suisse, Michael Matthiessen, avait été clair sur ce point: un tel accord est une condition sine qua non pour que tout le reste avance et qu’il y ait un accès au marché européen pour la Suisse.