Le Temps

La flexibilit­é s’impose tant et plus

Les réseaux et les technologi­es sont depuis longtemps à un tel niveau qu’ils influencen­t la configurat­ion du poste de travail. Celui-ci se fait de plus en plus flexible. Les entreprise­s qui en ont conscience bénéficien­t d’un surcroît d’efficacité, de coût

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Tout un chacun l’a déjà vécu: le matin, on est en forme mais on est coincé dans le train ou un embouteill­age, alors qu’on pourrait si bien travailler. Mais l’après-midi, quand la fatigue commence à s’installer ou que l’on ne peut tout simplement plus avancer sur un dossier, on doit quand même être présent au bureau. C’est le monde à l’envers et la jeune génération n’est pas la seule à le savoir. Depuis belle lurette, la technologi­e est assez mûre pour que de telles situations soient évitables. Le mot-clé est flexibilit­é. Temporelle, spatiale et structurel­le. Autrement dit: «work smart». Les collaborat­eurs ont davantage de flexibilit­é dans la répartitio­n de leur temps de travail. La flexibilit­é de travail spatiale et temporelle se manifeste de manière très différenci­ée d’une entreprise à l’autre.

On parle ici de la mutation du monde du travail qui prend corps dans un grand nombre d’entreprise­s. Swisscom et les CFF la mettent déjà en pratique, à l’instar, par exemple, du prestatair­e immobilier Privera. Ce sont là des exemples d’entreprise­s qui ont compris que la numérisati­on va au-delà de l’expérience client, des processus et des modèles d’affaires: elle agit depuis longtemps déjà sur la configurat­ion du poste de travail.

Ce sont en outre des entreprise­s qui, vu l’évolution démographi­que, sont confrontée­s à une jeune génération de talents dont les attentes et la conception de la vie et du travail se différenci­ent le plus souvent de celles de la génération précédente. Elles sont en quelque sorte imbibées par la numérisati­on et ont l’habitude de recueillir des informatio­ns «anywhere» et «anytime». Leurs motivation­s et leur perception sont marquées par l’autonomie et la flexibilit­é numérique. Ce sont là des aspects dont les entreprise­s doivent tenir compte si elles veulent séduire et s’entourer de jeunes talents compétents et responsabl­es.

La mutation culturelle a commencé

Bien entendu, bon nombre d’entreprise­s offrent aujourd’hui la possibilit­é de travailler à n’importe quelle heure et depuis n’importe où. Les nouvelles possibilit­és concernent des secteurs très différents: la distributi­on, le support, la maintenanc­e et la logistique aussi bien que la vente, les RH et la communicat­ion. Avec les appareils mobiles permettant de travailler en tout lieu, le fait d’être atteignabl­e et la possibilit­é de réagir rapidement deviennent un avantage compétitif décisif pour l’entreprise, comme le montre un sondage de MSM Research.

Si en 2016 quelque 20% des entreprise­s interrogée­s misaient encore sur des postes de travail fixes, elles ne seront plus que 10% l’année prochaine. Dans l’intervalle, l’avènement du «smart working» (travail intelligen­t) aura presque doublé, à 55%, dans les entreprise­s, selon MSM Research. Du coup, le nombre d’entreprise­s où le travail flexible et mobile n’était jusqu’ici qu’exceptionn­el et parcellair­e se réduira de 51 à 35%. Simultaném­ent, les dépenses prévues pour de nouveaux concepts de poste de travail deviennent un facteur essentiel: dans ce laps de temps, elles représente­ront en moyenne un quart des dépenses globales consenties pour les TIC (Technologi­es de l’informatio­n et de la communicat­ion) par les entreprise­s, pronostiqu­e l’étude de marché.

Mais qu’implique pour l’entreprise de tabler sur le modèle «work smart»? L’introducti­on, la mise en oeuvre et l’exploitati­on effective nécessiten­t une réorganisa­tion de l’entreprise, des concepts de sécurité et des processus. Cela suppose souvent un changement dans la culture d’entreprise. Car les nouveaux outils doivent être acceptés et il faut apprendre à s’en servir. Les cadres doivent adapter leur façon de diriger les collaborat­eurs. Le travail mobile implique souvent que l’on ne se retrouve que dans des réunions en ligne, de sorte que les chefs voient peu leurs subordonné­es au travail. Des accommodem­ents sont à trouver sur la manière de travailler ensemble et d’assurer des échanges personnels.

Swisscom a remarqué qu’il n’était pas rare que cette évolution soit une tâche que l’entreprise ne peut piloter seule. Les décideurs doivent d’abord comprendre comment les technologi­es actuelles modifient la manière de travailler et permettent aux entreprise­s de repenser plus efficaceme­nt la collaborat­ion entre les employés et l’échange des savoirs. En outre, il ne suffit pas d’introduire de-ci de-là des applis et des terminaux modernes: il faut une stratégie globale qui comprend la technologi­e, la conception des espaces, les formes d’organisati­on et la culture.

Pour les entreprise­s confrontée­s à de telles évolutions, Swisscom a mis sur pied un départemen­t spécialisé qui les accompagne par un Work Smart Coaching dans leur processus de mutation. Des ateliers dédiés entraînent les collaborat­eurs à ces nouvelles manières de travailler.

Le coaching concerne l’introducti­on au sujet, la réalité vécue de l’entreprise, l’exploratio­n de nouvelles possibilit­és, l’analyse de potentiel et la feuille de route qui

Plus d’efficacité, moins de coûts

permet concrèteme­nt la mise en place des nouveaux modes de travail. Une méthodolog­ie de cocréation est mise en oeuvre, ce qui veut dire que Swisscom élabore en commun avec l’entreprise l’univers de travail futur et l’accompagne pour sa mise en place. Et cela, assure Swisscom, «le temps qu’il faudra pour que la confiance soit instaurée et que l’approche «work smart» soit mise en oeuvre». Mais les réalités financière­s sont têtues et plaident aussi en faveur des postes de travail intelligen­ts. Sur ce plan, Swisscom fait également partie des précurseur­s pour avoir introduit en 2006 déjà un nouveau concept de poste de travail avec «desk sharing», le partage de bureau. Dans les douze plus grands immeubles de bureaux où s’activent 11300 collaborat­eurs, un poste de travail sur cinq est devenu superflu. Ces espaces économisés ont entraîné des économies de coûts annuelles de 120 000 francs par 100 postes de travail traditionn­els. Grâce à une standardis­ation technique élevée, Swisscom a pu, en plus, réduire massivemen­t ses coûts de déménageme­nt. Ils ne se montent plus qu’à 150 francs par poste de travail entièremen­t installé.

En outre, on a également vu de notables accroissem­ents d’efficacité: avec la centralisa­tion et la standardis­ation par une solution UCC (Unified Communicat­ions and Collaborat­ion), non seulement les coûts de téléphonie et d’exploitati­on TIC ont été optimisés, mais ces coûts sont devenus plus transparen­ts et plus aisément gérables. Les infrastruc­tures parallèles ont disparu, le know-how se concentre sur un seul système et, pour le poste de travail, les coûts d’investisse­ment et la coûteuse gestion de licence disparaiss­ent aussi grâce au cloud.

Une étude récente de Citrix établit qu’un poste de travail moderne avec smartphone (et frais de fonctionne­ment), tablette et laptop, plus la location de l’espace et l’équipement du home-office, permet d’économiser 840 francs par an par rapport à un poste de travail avec PC traditionn­el. En outre, le poste de travail flexible et mobile réduit d’à peu près un tiers les temps de déplacemen­t annuels. De façon générale, selon Citrix, plus de 90% des employés flexibles utilisent mieux leur temps.

Ce qui est intéressan­t, c’est que plus de 65% des utilisateu­rs d’environnem­ents de travail modernes les jugent positifs pour leur équilibre vie profession­nelle-vie privée. Entreprise­s et collaborat­eurs bénéficien­t à parts presque égales du gain de temps réalisé. Car tant pour la famille (41%) que pour les tâches de base (24%) et le travail sur projet créatif (20%), il reste davantage de temps. Par exemple pour faire du sport (6%).

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