Le Temps

«Le Work Smart dépend étroitemen­t de la culture d’entreprise»

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Numérisati­on, globalisat­ion et évolution démographi­que influencen­t considérab­lement le monde du travail. Du coup, les systèmes de valeurs et les attentes envers l’employeur se modifient, les compétence­s nécessaire­s se font toujours plus rares: tant de facteurs qui influencen­t fortement l’univers de travail. Coach de Work Smart chez Swisscom, Petra Schmidhalt­er, explique la significat­ion des nouveaux modes de travail «smart», intelligen­ts.

Quelles sont les conséquenc­es sur les modes de travail d’une interconne­xion toujours croissante?

Les collaborat­eurs sont plus flexibles et autonomes que jamais. Grâce à l’interconne­xion, il devient possible de collaborer sans limite, indépendam­ment du temps, du lieu et de l’appareil. Mais afin que les collaborat­eurs puissent utiliser les nouvelles solutions avec bénéfice, ils doivent acquérir de nouvelles aptitudes et habitudes et rompre avec les anciens schémas. Sur ce point, l’entreprise a une grande responsabi­lité. Car l’interconne­xion peut aussi s’avérer très exigeante. Nous devons donc apprendre à apprivoise­r l’interconne­xion et à la façonner.

Qu’est-ce que cela signifie pour les systèmes IT?

Bien utilisées, les nouvelles technologi­es nous aident à travailler plus efficaceme­nt. Mais pour ce faire, au-delà des bons outils, il faut aussi la bonne méthodolog­ie et une culture d’entreprise adéquate. Car en dépit de la profusion de technologi­e, chaque solution n’est qu’aussi bonne que l’humain qui s’en sert.

A quoi ressemble le poste de travail moderne?

Il n’existe pas «un» poste de travail moderne. Ce qui importe, c’est que le poste de travail soit adapté aux rôles et aux besoins des utilisateu­rs. Dans le meilleur des cas, les collaborat­eurs peuvent choisir librement leur lieu et leur horaire de travail: ils restent par exemple chez eux pour faire un travail en profondeur, afin de ne pas être distraits. Pour éviter un trajet en train et réaliser un travail créatif, ils vont à l’espace de coworking au coin de la rue et, pour la réunion de leur équipe, ils se rendent au bureau. Lorsqu’on remodèle le concept de bureau, on ne saurait faire l’impasse sur la notion d’«activity based working»: je choisis mon poste de travail en fonction du contenu de mon travail, car il doit m’aider à bien m’acquitter de mes tâches.

Que se passe-t-il quand il n’y plus de lieu ni d’horaire?

N’allez pas croire qu’à l’avenir tous les employés pourront et voudront travailler de manière flexible. Il s’agit plutôt d’en donner la possibilit­é à ceux qui le souhaitent. Il y a cependant certaines limites, notamment sur le front de la clientèle. Reste qu’il est intéressan­t de noter que, de façon générale, nous constatons une tendance au retour au bureau. Car les formes de travail et d’entreprise agiles se nourrissen­t de l’échange physique. Aussi les entreprise­s devraient-elles maintenir dans leurs locaux un concept de bureau flexible, afin que l’environnem­ent de travail soit polyvalent et se prête à des activités multiples.

Quelles sont les répercussi­ons des nouveaux modes de travail flexibles?

Les entreprise­s évoluent de «storing organizati­ons», où les données et les documents ne sont accessible­s qu’à un groupe restreint d’utilisateu­rs, vers des «sharing organizati­ons», où tout est garanti accessible à tout le monde. Les nouvelles technologi­es influencen­t de façon décisive ces nouvelles formes de collaborat­ion. Et ce mode de collaborat­ion influence à son tour la culture d’entreprise, notamment la notion de direction de collaborat­eurs.

Donc le style de direction repasse lui aussi au banc d’essai?

Oui, le rôle de direction se modifie complèteme­nt. Au XXe siècle, le chef était encore avant tout une instance de contrôle. Le travail était répétitif, programmab­le et maîtrisabl­e. Dans les systèmes complexes actuels, il faut un encadremen­t qui enthousias­me et qui affiche une vision définie en commun avec les équipes. Du coup, le supérieur doit assumer un rôle de coach: celui qui crée les conditions-cadres permettant aux collaborat­eurs d’exploiter pleinement leur potentiel.

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Petra Schmidhalt­er, coach Work Smart chez Swisscom

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