Le Temps

Voyage au pays des contrastes et des ruptures

- ÉCONOMISTE EN CHEF, BCGE VALÉRIE LEMAIGRE

En cette période propice au bilan et au coup de projecteur, la communauté des analystes semble modérément optimiste pour 2018. Pourtant, nous naviguons tous au pays des contrastes en essayant de trouver la voie de la normalisat­ion. Et le bilan 2017 s’y inscrit.

Dans le cycle des investisse­ments que les entreprise­s ont décidé d’entamer, pas question de frontières, toutes les régions ont profité des échanges internatio­naux de technologi­e et d’innovation. La réforme fiscale américaine, passée in extremis fin 2017, n’y est pour rien. Les dépenses d’investisse­ment sont résolument productive­s et non opportunis­tes, soutenues par des dépenses de structures et d’infrastruc­tures. L’avance obtenue l’an dernier par la technologi­e est d’ores et déjà acquise, saluée par les marchés certes, mais consacrée par la croissance économique et la remarquabl­e contributi­on du secteur des semi-conducteur­s dont les leaders incontesté­s sont les Etats-Unis et l’Asie-Pacifique.

L’investisse­ment de «rupture» est en cours et il permettra d’alimenter en 2018 autant la productivi­té que la profitabil­ité des entreprise­s. Il n’effacera pas les contrastes mais soulignera progressiv­ement le potentiel de certains secteurs en mutation, en particulie­r les services aux personnes tels la distributi­on, les services médicaux, sociaux ou même financiers, secteurs encore à la traîne pour leur productivi­té ou leur gestion des stocks. Il reste dès lors de la marge pour la progressio­n, plus lente certes, notamment des marchés boursiers qui ont tant délivré en 2017 (près de 40% pour les marchés émergents, suivis des actions américaine­s, japonaises et suisses proches de 20%).

Pas d’obstacle macro

Au pays des contrastes, pas d’événement macro (fin de cycle imminente ou envolée de l’inflation) pour s’élever en obstacle, pas de changement­s de liquidité d’ampleur suffisante, sous-jacents aux politiques monétaires, pour créer un accident de valorisati­on des actifs financiers (une correction majeure des actions) ou changer drastiquem­ent le paradigme de faible volatilité issu des conditions financière­s encore largement accommodan­tes (pas de remontée précipitée des taux d’intérêt).

Et que dire alors du contexte politique et géopolitiq­ue, de leaders ou gouverneme­nts affaiblis, de bouillons de tensions? Certes les contrastes interpelle­nt, mais ils ne sont pas inquiétant­s dès lors qu’ils n’affectent pas significat­ivement des variables telles que les devises ou les prix des matières premières, en particulie­r le pétrole. Le voyage au pays des contrastes se poursuit donc, profitant des occasions de rupture productive, sans virage imminent à 180 degrés. Excellente année 2018 à tous les investisse­urs qui soutiennen­t le capital-actions dans une phase de cycle où l’entreprise reste à l’honneur et le discerneme­nt de rigueur!

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