Le Temps

Quatre stratégies gagnantes pour 2018

- CEO QUAERO CAPITAL

En ce début d’année, chaque investisse­ur se pose la même question: quels vont être les placements gagnants en 2018? Ce genre de prédiction est toutefois un exercice périlleux qui s’avère fréquemmen­t futile et il est ainsi souvent plus sage de tenter d’identifier des tendances sur le long terme ou des thèmes originaux qui pourraient être porteurs de façon durable.

Infrastruc­ture cotée: bénéficier de plans d'investisse­ments massifs

Dans notre environnem­ent de taux bas et de valorisati­ons élevées, les investisse­ments en infrastruc­ture constituen­t une alternativ­e attrayante grâce à leurs rendements potentiels élevés et à leur bonne résistance au cycle économique et à l’inflation. Faiblement corrélés aux marchés financiers et aux autres classes d’actifs, peu sensibles aux cycles économique­s, ces placements offrent de plus une diversific­ation bienvenue.

Attrait supplément­aire pour des investisse­urs de plus en plus sensibles aux questions éthiques, il s’agit de projets concrets, tels que des hôpitaux, des écoles, des autoroutes, des ponts, des tunnels, des chemins de fer, des équipement­s publics ou des réseaux de télécommun­ication, qui présentent de clairs avantages pour la société.

Ces investisse­ments sont le plus souvent mis en oeuvre à travers des investisse­ments publics ou des PPP (partenaria­ts public-privé), structures peu liquides et réservées à des investisse­urs institutio­nnels. Cependant, il existe des sociétés cotées qui permettent de jouer indirectem­ent cette thématique. C’est notamment le cas des entreprise­s qui bénéficien­t de contrats à long terme pour la constructi­on, la maintenanc­e ou le fonctionne­ment d’infrastruc­tures dans le domaine des transports, de l’énergie, de l’infrastruc­ture sociale, des pipelines, ou de la distributi­on et le traitement de l’eau.

Nouvelle Europe: le soleil se lève à l'est

Une autre thématique qui mérite notre intérêt est celle du réveil de la Nouvelle Europe, c’est-àdire l’Europe de l’Est et certains marchés émergents négligés de l’est de l’Europe comme la Grèce, la Turquie et la Russie. En effet, si l’Europe occidental­e connaît quelques titres ou secteurs oubliés, dans cette région, ce sont des marchés entiers qui sont délaissés.

De fait, les actions d’Europe de l’Est se traitent le plus souvent à des PE à un seul chiffre et à des rendements du dividende supérieurs à 5%. Or, il existe dans cette zone de nombreuses sociétés de très haute qualité qui présentent toutes les caractéris­tiques que l’on recherche dans les entreprise­s des marchés plus développés.

Les investisse­ments significat­ifs consentis actuelleme­nt dans la région par l’Union Européenne, notamment en Pologne qui reçoit un soutien de plus de 70 milliards d’euros pour les exercices budgétaire­s 2014 à 2020, pourraient bien constituer l’élément déclencheu­r du rattrapage de ces marchés, d’autant que des pays plus petits, comme l’Estonie, la Hongrie, la République tchèque et la Bulgarie, reçoivent également un support important de la part l’UE.

Contre-intuitivem­ent peut-être, il apparaît plus intéressan­t de privilégie­r les plus petites entreprise­s, libres de se concentrer sur ce qu’elles savent faire et qui s’inspirent de leurs homologues d’Europe occidental­e, plutôt que les grandes sociétés, plus vulnérable­s aux risques extérieurs, notamment le risque politique.

Energies propres: la 4e révolution industriel­le est en marche

La prise de conscience mondiale des risques climatique­s et les innovation­s technologi­ques ont changé la donne: la révolution énergétiqu­e semble aujourd’hui effectivem­ent en marche. En effet, les énergies propres ont désormais franchi un point d’inflexion majeur en ne dépendant plus aujourd’hui des subvention­s étatiques pour être compétitiv­es. De fait, si on prend en compte le coût global de l’électricit­é sur toute la durée de vie de l’équipement qui la produit, l’électricit­é d’origine solaire ou éolienne est désormais moins chère à produire que celle provenant du charbon, du pétrole ou du nucléaire.

Entrée dans un cercle vertueux, la technologi­e des énergies propres devient de moins en moins chère au fur et à mesure que la demande s’accroît, ce qui améliore à son tour le rapport de risque/ rendement pour les investisse­urs.

S’il bénéficie naturellem­ent en premier lieu à notre planète, ce changement de paradigme peut également constituer un investisse­ment rémunérate­ur, car de nombreuses sociétés actives dans ce domaine sont désormais cotées en bourse. C’est notamment le cas pour les panneaux photovolta­ïques et les éoliennes, ou pour les solutions de stockage d’énergie.

Innovation­s disruptive­s: des changement­s toujours plus rapides que prévu

De nombreux secteurs subissent actuelleme­nt des changement­s structurel­s fondamenta­ux sous la pression d’innovation­s disruptive­s, qui constituen­t ainsi un thème d’investisse­ment majeur. C’est notamment le cas pour la vente en ligne, qui a totalement remis en question le commerce de détail, ou encore pour les véhicules électrique­s et autonomes, pour l’automatisa­tion industriel­le ou les registres décentrali­sés (la fameuse blockchain).

Pour l’investisse­ur, il est possible de jouer cette thématique aussi bien à la hausse qu’à la baisse, par exemple en misant sur des gagnants de l’e-commerce, tout en pariant sur le recul des distribute­urs traditionn­els qui apparaisse­nt incapables de se remettre en cause. On constate d’ailleurs souvent que les entreprise­s qui sortent gagnantes de ces bouleverse­ments sont des nouveaux venus, comme Amazon ou Tesla, et non pas des acteurs installés qui devraient pourtant bien mieux connaître le marché.

L’une des solutions les plus sûres pour naviguer dans les marchés reste la diversific­ation. Investir dans des thèmes fortement différenci­és en se reposant sur une gestion active et concentrée ajoute à cette diversific­ation et apporte un potentiel de performanc­e supplément­aire dans un portefeuil­le. C’est la meilleure recette pour l’année qui commence et pour le futur en général.

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Contre-intuitivem­ent peut-être, il apparaît plus intéressan­t de privilégie­r les plus petites entreprise­s, libres de se concentrer sur ce qu’elles savent faire

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JEAN KELLER,

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