Canal+ dévoile sa première série polonaise
La chaîne payante montre «The Teach», fiction policière qui brille par sa description d’une petite ville de Pologne. Les explications de ses deux créateurs
En polonais, «Dobrowice» évoque une «bonne ville». Monika Powalisz et Jakub Zulczyk, les créateurs de The Teach, thriller policier que dévoile Canal+ ce lundi soir, expliquent avoir choisi ce nom fictif pour baptiser «une petite cité typique de la province polonaise. C’est la Pologne profonde.»
Et c’est ce qui constitue l’intérêt de cette série en dix épisodes, enquête autour du meurtre d’une lycéenne. Le corps de Joanna est retrouvé dans la forêt proche de cette ville située non loin de la frontière russe, lieu de trafics en tout genre. A ce moment-là, un enseignant se présente au lycée pour y travailler, qui vient de Varsovie. Il a une relation particulière avec la défunte. Et il va mener son enquête personnelle, parallèlement à celle de la police.
Lycéens et notables
L’angle s’élargit, voici le conclave des puissants locaux, l’homme d’affaires richissime, l’industriel qui pollue la forêt depuis des lustres, le maire, le commissaire, tous réunis par l’intérêt d’un pactole espéré, l’implantation d’un «producteur de meubles suédois» qui pourrait bâtir une vaste usine sur un terrain dont une partie est protégée.
Retour au tandem Monika Powalisz et Jakub Zulczyk, rencontré au festival Séries Mania avec une traductrice. La première précise: «En commençant à travailler sur le scénario, nous nous disions que nous voulions voir autre chose que la description de la capitale, des aspirations supposées des provinciaux qui viennent à Varsovie… Nous avons grandi dans de petites cités, nous y avons fait nos premières classes; en fait, nous avons transcrit notre expérience. Nous voulons montrer l’autre face de la médaille.»
Jakub Zulczyk ajoute: «Le crime n’était pas notre priorité; c’était plutôt de comprendre comment le meurtre bouleverse une bourgade de province. On nous a félicités à propos du réalisme de la série, de la manière dont elle parle des provinces.»
Une large palette sociale
Formulé ainsi, The Teach tient son programme. Avec une qualité particulière: la largeur de la palette dans sa description du microcosme. Des lycéens aux dominants du coin en passant par les familles concernées et les trafiquants, même si elle n’est pas exempte de clichés, la galerie composée par The Teach se révèle riche.
Monika Powalisz précise: «La jolie ville et les choses peu louables qui s’y passent, c’était notre intention. Mais nous voulions aborder aussi toutes les couches de la société, un monde à plusieurs niveaux, qui ne répond pas à une hiérarchie de classe: les gens se croisent, se rencontrent à l’école… C’est un condensé de la société polonaise.»
Et une expérience nationale, puisqu’il s’agit de la première série estampillée «création originale» de Canal+ en Pologne, pays où la chaîne payante est présente depuis des années et garde un bon parc d’abonnés, jusqu’ici grâce au sport. De fait, les créateurs ont surtout travaillé avec un producteur local et une chaîne nationale, TVN, mais le réseau français est bien «commanditaire», précise Jakub Zulczyk.
Portée par l’acteur principal, Maciej Stuhr, fort populaire en Pologne, fils d’un comédien qui avait figuré dans des films de Krzysztof Kieslowski, The Teach aura une deuxième saison, en tournage. Cette fois, l’enseignant se rendra dans une grande ville.
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«Nous voulions aborder toutes les couches de la société, un monde à plusieurs niveaux»
MONIKA POWALISZ, CRÉATRICE DE LA SÉRIE «THE TEACH»