Le Temps

«No Billag»: mettre le feu et assumer

- REBECCA RUIZ @reb_ruiz

«J’aime écouter tous les avis avant de me faire le mien. Mais pourquoi êtes-vous toujours aussi alarmistes? A force, on n’y croit plus…» Voilà comment m’interpella­it un citoyen sur mon premier stand du mois de janvier. Ce reproche, je l’entends souvent. Il est compréhens­ible, tant il est vrai que de nombreuses campagnes se mènent sur un mode excessif. Sans jeter la pierre à quiconque, je suis consciente d’avoir moi aussi pu forcer le trait au moment d’évoquer les conséquenc­es d’une décision. Car oui, en présence de projets complexes et techniques, la tactique s’impose parfois.

Il arrive cependant que le problème s’inverse. Qu’il y ait urgence à dépeindre avec précision des choses graves. Qu’on soit face à une propositio­n absolument limpide et que ce soient ses promoteurs eux-mêmes qui cherchent à en brouiller l’interpréta­tion ou à en minimiser la portée. C’est ce à quoi nous assistons avec l’initiative «No Billag», et son impact tant sur les télévision­s régionales que sur la RTS. A entendre certains initiants, il serait difficile à déterminer, chacune des chaînes concernées pouvant continuer à fonctionne­r sur un modèle différent. Or, pour ne prendre que le cas de la RTS, les choses sont très simples: l’initiative supprime trois quarts de ses recettes, issues de la redevance. Et le quart restant n’est pas à l’abri, puisque sans la grille actuelle des programmes, une partie substantie­lle des recettes publicitai­res serait également perdue.

L’acceptatio­n de «No Billag» signifiera­it non seulement la fin de la RTS et des chaînes régionales telles que nous les connaisson­s, mais aussi la fin d’un des piliers de notre démocratie directe. Car l’exercice de la démocratie directe est exigeant. Il suppose – du moins en théorie – des efforts de la part des votants. S’informer, saisir les enjeux, se forger un avis. La RTS, les chaînes et radios régionales que j’évoque y contribuen­t au quotidien par la diversité des opinions qu’elles véhiculent.

«No Billag» a des conséquenc­es graves, quoi qu’en disent les initiants. Alors oui, cher Monsieur que j’ai croisé au marché, je veux bien, au titre des bonnes résolution­s pour l’année qui débute, m’engager à ne pas faire croire que la maison brûle par facilité rhétorique ou tactique. Mais méfiez-vous, alors, tout autant, des pyromanes qui n’assument pas l’incendie.

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