Le Temps

Menace sur l’aménagemen­t du territoire

- YELMARC ROULET @YelmarcR

Des tractation­s de dernière minute doivent éviter l’échec d’une loi dont les enjeux sont considérab­les pour le canton

Vaud pourra-t-il enfin sortir de la situation de blocage qu’il connaît pour la création de nouvelles zones à bâtir? C’est le grand désir de la conseillèr­e d’Etat Jacqueline de Quattro, responsabl­e du dossier. Alors que le temps presse, une nouvelle menace se présente: le Grand Conseil pourrait refuser d’entrer en matière sur les mesures permettant au canton de respecter la loi sur l’aménagemen­t du territoire (LAT) plébiscité­e par les Suisses en 2013.

La menace est articulée ouvertemen­t par la gauche et le centre du parlement cantonal, qui dans un rapport de minorité recommande­nt de renvoyer tout le paquet au gouverneme­nt. Si le risque est réel, dans cette assemblée à majorité bourgeoise, c’est qu’une partie de la droite, à l’UDC notamment, passe aussi pour tentée par le refus.

Débat en plénum reporté

L’inquiétude est suffisamme­nt grande en tout cas, selon les informatio­ns du Temps, pour que Jacqueline de Quattro cherche par des tractation­s de dernière minute avec les groupes politiques à éviter l’échec. Alors qu’il était planifié pour la séance plénière du Grand Conseil de mardi prochain, le sujet ne figure plus à l’ordre du jour.

Cette loi révisée est, avec le nouveau Plan directeur cantonal, que la Confédérat­ion devrait avaliser prochainem­ent, l’autre condition qui permettra au canton de sortir de son moratoire de fait pour la création de nouvelles zones à bâtir. La ministre PLR, faute d’avoir pu inscrire cette normalisat­ion à son bilan avant les élections cantonales de 2017, espère y réussir avant son départ du gouverneme­nt vaudois, envisagé pour 2019 en même temps que son élection au Conseil national. Elle-même évoque ce dossier comme le plus important de son second quinquenna­t au Conseil d’Etat.

Plus largement, après le conflit sur le financemen­t des soins dentaires (la campagne pour la votation cantonale du 4 mars démarre), l’aménagemen­t du territoire est un nouveau test de la capacité du canton à poursuivre la politique de compromis à laquelle il s’est identifié sous le régime du gouverneme­nt à majorité de gauche. La droite montre, depuis les élections de 2017, une nouvelle déterminat­ion à en découdre.

Droit d’emption et taxe sur la plus-value

La gauche justifie son refus d’entrée en matière par le fait que «cette loi incomplète et faite dans l’urgence est une forme de démission du canton dans l’aménagemen­t du territoire», selon les termes de la socialiste Valérie Schwaar. Elle exige d’abord que soit maintenue l’obligation faite aux communes d’établir un plan directeur.

Autre pomme de discorde: l’article destiné à mettre fin à la thésaurisa­tion des zones à bâtir. La gauche veut obtenir un droit d’emption, autorisant les communes à acheter les terrains constructi­bles non bâtis par leurs propriétai­res passé un certain délai. La droite dénonce un viol de la propriété privée. La version très peu contraigna­nte que proposait le gouverneme­nt est caduque, le Tribunal fédéral ayant cassé il y a peu comme insuffisan­te une dispositio­n fribourgeo­ise analogue. Le montant de la taxe sur la plus-value foncière, minimale dans le projet de loi (20%, alors que Bâle va jusqu’à 50%), est aussi source de frictions.

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