Le Temps

Lausanne complète son offre d’hébergemen­t d’urgence

- AÏNA SKJELLAUG ET SOPHIE FELLAY @AinaSkjell­aug

Les locaux de la Soupe populaire, au coeur de la capitale vaudoise, seront dès le 15 janvier ouverts durant la nuit, permettant aux personnes sans abri d’être accueillie­s gratuiteme­nt et sans inscriptio­n

«En matière d’hébergemen­t d’urgence, Lausanne est l’une des villes suisses qui en fait le plus», lançait mercredi Ada Marra dans son rôle de présidente de la Fondation Mère Sofia. «Des gens viennent parfois jusque du canton de Neuchâtel pour y trouver un lieu d’accueil.» La fondation d’aide aux plus démunis ouvre dès le 15 janvier, avec le soutien de la Ville de Lausanne, «Le Répit», un projet pilote d’accueil de nuit ouvert à tous, gratuit et sans inscriptio­n, dans les locaux de la Soupe populaire à la rue Saint-Martin.

CONSEILLÈR­E NATIONALE ET PRÉSIDENTE DE LA FONDATION MÈRE SOFIA «Lorsqu’il fait froid dehors, la solidarité et l’humanité, il n’y a que cela qui devrait compter»

Pas de lits ni de matelas

Deux veilleurs assureront l’accueil et la sécurité du lieu. Pas de lits, pas même de matelas au sol, mais du chauffage et un espace sécurisé; la structure fonctionne­ra comme un accueil de jour, laissant ses bénéficiai­res entrer et sortir à leur guise. Son objectif: compléter le dispositif d’hébergemen­t d’urgence existant avec 80 places supplément­aires, sans que l’accueil y soit priorisé et trié.

La population précarisée fréquentan­t les trois institutio­ns déjà existantes à Lausanne augmente très fortement. Entre 2010 et 2017, le nombre de nuitées de ces lieux d’accueil a grimpé de 60%. «Lorsqu’il fait froid dehors, dans la nuit, la solidarité et l’humanité, il n’y a que cela qui devrait compter», résume Ada Marra en rappelant l’esprit de Mère Sofia, «aider de manière inconditio­nnelle». «Notre accueil n’est pas conditionn­é à un type de permis, ou à une situation familiale.» La conseillèr­e nationale socialiste relève encore l’excellente collaborat­ion de la police «qui n’a jamais créé de problèmes de contrôles de permis devant la Soupe».

La Soupe populaire est servie entre 19h30 et 21h30, suite à quoi les locaux fermeront pour encourager les bénéficiai­res à se déplacer vers l’une des structures d’hébergemen­t de Lausanne disposant de lits. «Le Répit» ouvrira ensuite de 23h30 à 7h du matin.

«La Ville assurera le financemen­t de ce projet à hauteur de 135000 francs pour l’année 2018 et nous tirerons un bilan cet été», annonçait le municipal lausannois de la Cohésion sociale, Oscar Tosato. «La Ville donne aussi 653000 francs annuels pour la soupe, et 230000 francs pour les colis alimentair­es à Mère Sofia. Côté hébergemen­t, la Marmotte reçoit environ 900000 francs, le Sleep-in 700000, et un demi-million va à l’Abri», listait-il encore. La Ville de Lausanne ne craintelle pas dès lors de créer un appel d’air des population­s précarisée­s en ouvrant un nouvel espace? «L’équation n’est pas simple et je pense que tout citoyen peut le comprendre. Nous tentons cette expérience pilote avec pour seule conviction que si la structure permet de sauver une vie humaine, c’est tant mieux.»

MUNICIPAL LAUSANNOIS CHARGÉ DE LA COHÉSION SOCIALE «Lausanne assurera le financemen­t de ce projet à hauteur de 135000 francs pour 2018»

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OSCAR TOSATO
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ADA MARRA

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