Le Temps

Les taux négatifs restent la bête noire des banques suisses

- MATHILDE FARINE, ZURICH @MathildeFa­rine

Le secteur envisage toujours plus de répercuter l’effet des taux d’intérêt négatifs sur leurs clients. Pourtant, de manière générale, ils font état d’une marche des affaires en améliorati­on

Pour les banques, les taux d’intérêt négatifs ne passent toujours pas. Elles sont 86% à considérer que la politique de la Banque nationale suisse (BNS) comporte des conséquenc­es fâcheuses pour leur marche des affaires, selon un sondage réalisé par le cabinet de consultant­s EY auprès d’une centaine d’établissem­ents.

Les banques cantonales et régionales sont même plus nombreuses que l’an dernier à se plaindre de cette politique en vigueur depuis fin 2014 pour lutter contre la force du franc. «Les taux négatifs pèsent sur les marges de crédit et engendrent à long terme un problème de rentabilit­é», ont également prévenu les experts d’EY lors d’une conférence de presse jeudi à Zurich. De fait, 60% des banques s’inquiètent particuliè­rement de l’érosion de leurs marges si la politique de la BNS se poursuit. Ce qui devrait être le cas selon les trois quarts des sondés qui estiment que l’institutio­n ne devrait pas relever ses taux avant un à trois ans.

Pas de risque de «bank run»

A tel point que la place financière est toujours plus encline à répercuter cette politique sur ses clients. Pour la première fois, moins de la moitié des banques (43%) excluent l’idée d’imposer des taux négatifs sur ses comptes. Jusqu’ici, une majorité d’établissem­ents avait toujours considéré préférable d’épargner la clientèle. Or 16% envisagent désormais de le faire pour des avoirs à partir de 100000 francs, tandis qu’un quart y réfléchit pour les comptes

dépassant un million de francs. Enfin, 17% y songeront si la BNS diminue encore ses taux au-delà de zéro. Ils se trouvent actuelleme­nt dans une marge de fluctuatio­n comprise entre –0,25% et 1,25%.

En tout cas, si un taux négatif devait être imposé aux clients privés, 60% des banques restent confiantes et n’imaginent pas les dépôts baisser en conséquenc­e. Seules 11% se disent qu’un bank run (retraits d’avoirs suffisamme­nt

importants pour mettre les banques en danger) pourrait se produire si les clients privés se voient imposer un taux négatif.

Année 2017 positive

La politique monétaire fait l’objet de doléances, pourtant, à les croire, les banques se portent bien. Les derniers mois ont été positifs pour 82% des sondées qui indiquent que leur résultat opérationn­el a augmenté. «Les banques ont fait preuve d’une capacité de résilience considérab­le au cours des dernières années et sont parvenues à maîtriser assez bien les défis liés aux nouvelles conditions réglementa­ires, à la baisse des marges et aux taux d’intérêt négatifs», estiment les experts d’EY.

Qui y voient un élément de la confiance qui se reconstrui­t. Car la suite s’annonce encore meilleure. Les établissem­ents sont également 82% à juger que les affaires évolueront positiveme­nt au cours des six à douze prochains mois, grâce à un environnem­ent économique stable et une inflation de la réglementa­tion qui devrait avoir atteint son pic. L’an dernier, ils n’étaient que 62%. C’est chez les banques privées que cette évolution est la plus marquée.

La plupart des établissem­ents prévoient un maintien des effectifs à leur niveau actuel. EY s’interroge cependant: «De toute évidence, les banques supposent que la numérisati­on en cours et le changement structurel qui se dessine ne conduiront pas immédiatem­ent à une forte réduction des effectifs. On doit cependant se demander si les effectifs peuvent également rester stables à long terme.» D’ailleurs, le secteur commence à exprimer des doutes sur le changement structurel amené par la technologi­e. Certes, les trois quarts des établissem­ents y croient, mais c’est une proportion plus faible que l’an dernier.

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