Quelle femme après Doris Leuthard?
Les spéculations reprennent à Berne: la doyenne de fonction quittera vraisemblablement le gouvernement cette année. Comme c'est sans doute un homme qui lui succédera, la pression se déplace sur le PLR
Quand Doris Leuthard quittera-t-elle le gouvernement, où elle siège depuis 2006? En ce début d’année, l’agitation monte à Berne. Vendredi, Blick laissait entendre que la conseillère fédérale pourrait tourner la page peu après le vote du 4 mars sur l’initiative «No Billag». Ce scénario circule en fait depuis plusieurs mois. Doyenne de fonction, l’Argovienne semble un peu lasse au terme de sa seconde année présidentielle. Elle a effectué ces dernières années un véritable marathon politique, enchaînant douze scrutins majeurs entre 2013 et mars 2018. Un record! Son année présidentielle s’est achevée sur une violente montée d’adrénaline à cause du dossier européen.
Le temps est venu pour elle, à bientôt 55 ans, de passer à autre chose. Elle a encore des engagements durant le premier semestre de l’année. Elle sera notamment l’invitée du Forum des 100 organisé par Le Temps le 24 mai. Deux scénarios paraissent vraisemblables: un départ annoncé dans le courant du printemps pour fin juin ou fin octobre.
Le PDC est déjà en train de préparer sa succession. Avec un handicap majeur: faute d’anticipation, il n’aura guère de candidature féminine forte à proposer. Certes, le parti présentera au moins une femme, conseillère nationale – Elisabeth Schneider-Schneiter (BL), Ruth Humbel (AG) ou Viola Amherd (VS) – ou conseillère d’Etat – Silvia Steiner (ZH) ou Heidi Z’Graggen (UR). Mais le sentiment prédomine à Berne que c’est entre hommes que la course se jouera. Plusieurs parlementaires – Pirmin Bischof (SO), Stefan Engler (GR), Erich Ettlin (OW), voire le président du parti, Gerhard Pfister (ZG) – pourront être intéressés par la charge. Du coup, c’est au PLR qu’il appartiendra d’apporter une réponse à l’absence de femmes au gouvernement. La pression sera forte pour qu’il propose un double ticket féminin comprenant au moins le nom de la présidente du Conseil des Etats, Karin Keller-Sutter (SG).
Réaction du PS critiquée
Jeudi, la Commission des institutions politiques (CIP) du Conseil national a rejeté une demande de Maya Graf (Verts/BL), qui voulait inscrire dans la Constitution l’obligation d’avoir une «représentation équitable des sexes» au Conseil fédéral. La majorité (de droite) de la CIP souligne qu’il incombe aux partis de présenter des femmes. Déçu, le PS s’en est pris au «camp bourgeois» et au PLR qui, «depuis Elisabeth Kopp en 1989, ne délègue au Conseil fédéral qu’une suite ininterrompue d’hommes». Cette réaction a fait bondir le PLR. Il rappelle qu’on n’en serait pas là si le PS avait soutenu les candidatures de Karin Keller-Sutter en 2010 et d’Isabelle Moret en 2017.
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«Je suis à la fin de ma dernière législature»