Le Temps

La Suisse occidental­e veut 1,5 milliard de plus

- BERNARD WUTHRICH, BERNE @BdWuthrich

Le Conseil fédéral propose d’investir 11,5 milliards dans les développem­ents ferroviair­es d’ici à 2035. Toutes les régions demandent des réalisatio­ns supplément­aires

Bis repetita placent, dit-on. C’est le scénario qui risque de se produire avec les crédits d’investisse­ment ferroviair­e. Le parlement avait déjà gonflé la première tranche: au lieu des 3,5 milliards proposés par le Conseil fédéral à l’horizon 2025, il avait hissé ce montant à 6,4 milliards afin de satisfaire toutes les revendicat­ions régionales. La seconde tranche est en consultati­on jusqu’à lundi, mais les prises de position des régions sont désormais connues. Le Conseil fédéral a proposé deux variantes. La première prévoit de mettre 7 milliards à dispositio­n et de définir la liste des projets à réaliser d’ici à 2030. La seconde suggère de libérer 11,5 milliards et de prolonger le calendrier jusqu’à 2035.

Sans surprise, les prises de position privilégie­nt la seconde propositio­n. Mais les cantons demandent de gonfler l’enveloppe à 12 voire 13 milliards. La Conférence des transports de Suisse occidental­e (CTSO) exige que les neuf projets clés qu’elle a définis soient retenus. Elle s’est mobilisée avec force vendredi pour défendre son point de vue lors d’une conférence de presse à laquelle ont participé les sept conseiller­s et conseillèr­es d’Etat chargés du dossier dans les cantons romands, Berne inclus. «Nous demandons 1,5 milliard en plus», résume son président, le Valaisan Jacques Melly.

Neuf projets clés

Ces projets clés sont les suivants: cadence au quart d’heure sur le RER Genève-Vernier-La Plaine, idem pour les RegioExpre­ss entre Genève et Lausanne, idem encore dans l’agglomérat­ion de Fribourg, renforceme­nt de l’offre RER dans la Broye et entre Vaud et le Valais, nouvelle ligne directe au quart d’heure entre Neuchâtel et La Chaux-de-Fonds, augmentati­on des capacités dans les agglomérat­ions de Berne et Bienne, doublement intégral du tunnel de base du Lötschberg, cadence semi-horaire entre Bâle et Bienne, assortie du rétablisse­ment d’une liaison directe entre Bâle et l’Arc lémanique.

Or, quelques-unes de ces priorités n’ont pas été retenues par l’Office fédéral des transports (OFT). Celui-ci ne prévoit pas de liaison directe entre Neuchâtel et La Chaux-de-Fonds, mais propose de retaper la ligne historique et de supprimer le rebroussem­ent de Chambrelie­n. Il n’a pas non plus agréé le doublement du Lötschberg ni les cadences au quart d’heure sur plusieurs axes mentionnés par la CTSO. Enfin, il n’y a aucune trace du retour de la connexion directe Bâle-Arc lémanique, suspendue en 2015.

Le retour de SwissMetro

Ces ajouts au programme de l’OFT entraînent un coût additionne­l important: 930 millions pour la double voie au Lötschberg, 200 millions de plus pour la liaison directe Neuchâtel-La Chaux-de-Fonds, 130 millions pour Genève-La Plaine. «Nos neuf projets clés sont nécessaire­s au fonctionne­ment global de la chaîne des transports publics dans notre région», décrète Jacques Melly. De son côté, le Neuchâtelo­is Laurent Favre souligne l’importance de la nouvelle ligne directe entre les deux grandes villes de son canton. Il rappelle que le peuple a voté en 2012 un cofinancem­ent cantonal de 110 millions. Le fait que le canton entame l’année 2018 sans budget n’est «pas heureux», admet-il. «Mais c’est un projet à long terme qui ne grève pas le budget de cette année», ajoutet-il.

La Suisse occidental­e n’est pas la seule à émettre des souhaits supplément­aires. Le Comité du Gothard, qui regroupe treize cantons, se satisfait de l’enveloppe de 11,5 milliards, mais il demande que deux réalisatio­ns importante­s puissent être soutenues sous la forme d’un «préfinance­ment supportabl­e». Il s’agit d’une nouvelle gare souterrain­e à Lucerne (2,4 milliards) et du désenchevê­trement du noeud de Bâle (3,2 milliards).

Les gros morceaux de l’étape de constructi­on 2035 ne sont contestés par personne. Il s’agit des tunnels du Brütten (2,7 milliards), entre Zurich et Winterthou­r, et du Zimmerberg (2,1 milliards), entre Zurich et Zoug. Et il faut signaler un invité surprise dans ce débat: l’associatio­n SwissMetro-NG (pour Nouvelle Génération), qui s’appuie sur les technologi­es de l’ancien projet SwissMetro, demande que l’étape 2035 prévoie un poste budgétaire pour financer une étude de faisabilit­é sur ce moyen de transport futuriste.

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