A Genève, ABB revoit à la baisse le nombre d’emplois délocalisés
Il n'y aura pas de licenciements en 2018. Le personnel accueille cependant les proposition de la multinationale avec déception
Aucun licenciement en 2018, une délocalisation en Pologne qui touche moins d’employés fixes (85 au lieu de 100), mise en oeuvre sur 24 mois contre les 18 initialement prévus, et le maintien des activités de service pour les transformateurs de traction, pièces au coeur du savoirfaire ferroviaire d’ABB à Genève.
Voilà ce que propose la direction d’ABB Suisse en réponse aux revendications de leurs collaborateurs genevois du site de Sécheron, soit 212 personnes dont une quarantaine de contrats temporaires. Les salariés s’étaient mis en grève pendant six jours, mi-novembre, après l’annonce de délocalisation en Pologne de l’activité ferroviaire assurée sur le site de Sécheron. Une médiation avec le conseil d’Etat genevois s’était mise en place jusqu’à la conclusion, le 20 novembre, d’un accord pour la reprise du travail.
Le ralentissement du processus de délocalisation faisait bien partie des propositions du personnel, appuyé par le syndicat Unia. Mais la demande était d’étaler ces mesures sur trois ans, et non sur vingt-quatre mois, dans le but de développer de nouvelles compétences à Genève, et donc d’y maintenir des emplois.
Une vision pessimiste, selon Unia
La réponse d’ABB a été reçue avec «une certaine déception» par le personnel, a reconnu Alessandro Pelizzari, secrétaire régional d’Unia. «L’absence de licenciements cette année est évidemment une bonne chose, de même que la prolongation de la période de restructuration, qui permettra au plan établi par les employés de se déployer, a dit le syndicaliste. Mais les propositions du personnel permettaient de sauver plus de quinze postes. Ils s’attendaient à mieux. La direction a adopté une vision pessimiste.»
Autre élément sur lequel «ABB doit revoir sa copie», selon Alessandro Pelizzari: le soutien à la formation proposé aux employés concernés par les mesures de restructuration.
Le communiqué d’ABB confirme par ailleurs que Genève reste le centre de compétence de référence pour la technologie TOSA, ce bus 100% électrique qui se recharge aux arrêts et qui a été développé à Genève, en partenariat notamment avec les Transports publics genevois (TPG) et les Services industriels (SIG).
L’établissement à Genève, «conjointement avec les parties prenantes sur le plan local» d’un «centre pour le transport public durable» aux contours encore flous a également été annoncé par ABB. De même que l’évaluation de la viabilité du prototype de transformateur de taille réduite conçu dans les ateliers de Sécheron.
«Genève, pôle d’excellence en électromobilité»
Plusieurs éléments de l’annonce d’ABB réjouissent Pierre Maudet, conseiller d’Etat en charge de l’économie, sous l’égide duquel la médiation entre les collaborateurs et le groupe a été menée: «Je suis très satisfait qu’aucun licenciement ne soit prononcé en 2018, cela faisait partie de nos demandes, dit le magistrat. La prolongation à vingt-quatre mois de la période durant laquelle ces restructurations seront menées me semble juste et permettra de peaufiner le projet. Enfin, l’officialisation que Genève devient un pôle d’excellence en électromobilité est évidemment une bonne chose.»
Le PLR a cependant de la peine à retrouver dans la communication d’ABB les signes concrets d’un investissement dans l’industrie de pointe, à Genève, comme il en aurait été question dans les négociations. «Le projet est de reconvertir des ouvriers de l’industrie lourde», rappelle-t-il, en soulignant qu’il pourra aborder ce point à Davos, lors du WEF, avec Ulrich Spiesshofer, le directeur général de la multinationale.
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Pour Unia, ABB doit revoir sa copie concernant le soutien à la formation proposé aux employés touchés par la restructuration