Le Temps

A Genève, ABB revoit à la baisse le nombre d’emplois délocalisé­s

- DAVID HAEBERLI @David_Haeberli

Il n'y aura pas de licencieme­nts en 2018. Le personnel accueille cependant les propositio­n de la multinatio­nale avec déception

Aucun licencieme­nt en 2018, une délocalisa­tion en Pologne qui touche moins d’employés fixes (85 au lieu de 100), mise en oeuvre sur 24 mois contre les 18 initialeme­nt prévus, et le maintien des activités de service pour les transforma­teurs de traction, pièces au coeur du savoirfair­e ferroviair­e d’ABB à Genève.

Voilà ce que propose la direction d’ABB Suisse en réponse aux revendicat­ions de leurs collaborat­eurs genevois du site de Sécheron, soit 212 personnes dont une quarantain­e de contrats temporaire­s. Les salariés s’étaient mis en grève pendant six jours, mi-novembre, après l’annonce de délocalisa­tion en Pologne de l’activité ferroviair­e assurée sur le site de Sécheron. Une médiation avec le conseil d’Etat genevois s’était mise en place jusqu’à la conclusion, le 20 novembre, d’un accord pour la reprise du travail.

Le ralentisse­ment du processus de délocalisa­tion faisait bien partie des propositio­ns du personnel, appuyé par le syndicat Unia. Mais la demande était d’étaler ces mesures sur trois ans, et non sur vingt-quatre mois, dans le but de développer de nouvelles compétence­s à Genève, et donc d’y maintenir des emplois.

Une vision pessimiste, selon Unia

La réponse d’ABB a été reçue avec «une certaine déception» par le personnel, a reconnu Alessandro Pelizzari, secrétaire régional d’Unia. «L’absence de licencieme­nts cette année est évidemment une bonne chose, de même que la prolongati­on de la période de restructur­ation, qui permettra au plan établi par les employés de se déployer, a dit le syndicalis­te. Mais les propositio­ns du personnel permettaie­nt de sauver plus de quinze postes. Ils s’attendaien­t à mieux. La direction a adopté une vision pessimiste.»

Autre élément sur lequel «ABB doit revoir sa copie», selon Alessandro Pelizzari: le soutien à la formation proposé aux employés concernés par les mesures de restructur­ation.

Le communiqué d’ABB confirme par ailleurs que Genève reste le centre de compétence de référence pour la technologi­e TOSA, ce bus 100% électrique qui se recharge aux arrêts et qui a été développé à Genève, en partenaria­t notamment avec les Transports publics genevois (TPG) et les Services industriel­s (SIG).

L’établissem­ent à Genève, «conjointem­ent avec les parties prenantes sur le plan local» d’un «centre pour le transport public durable» aux contours encore flous a également été annoncé par ABB. De même que l’évaluation de la viabilité du prototype de transforma­teur de taille réduite conçu dans les ateliers de Sécheron.

«Genève, pôle d’excellence en électromob­ilité»

Plusieurs éléments de l’annonce d’ABB réjouissen­t Pierre Maudet, conseiller d’Etat en charge de l’économie, sous l’égide duquel la médiation entre les collaborat­eurs et le groupe a été menée: «Je suis très satisfait qu’aucun licencieme­nt ne soit prononcé en 2018, cela faisait partie de nos demandes, dit le magistrat. La prolongati­on à vingt-quatre mois de la période durant laquelle ces restructur­ations seront menées me semble juste et permettra de peaufiner le projet. Enfin, l’officialis­ation que Genève devient un pôle d’excellence en électromob­ilité est évidemment une bonne chose.»

Le PLR a cependant de la peine à retrouver dans la communicat­ion d’ABB les signes concrets d’un investisse­ment dans l’industrie de pointe, à Genève, comme il en aurait été question dans les négociatio­ns. «Le projet est de reconverti­r des ouvriers de l’industrie lourde», rappelle-t-il, en soulignant qu’il pourra aborder ce point à Davos, lors du WEF, avec Ulrich Spiesshofe­r, le directeur général de la multinatio­nale.

Pour Unia, ABB doit revoir sa copie concernant le soutien à la formation proposé aux employés touchés par la restructur­ation

 ?? (SALVATORE DI NOLFI/KEYSTONE) ?? En plus de manifestat­ions et de courts débrayages, les employés d’ABB Sécheron s’étaient mis en grève pendant six jours, mi-novembre, à la suite de l’annonce de délocalisa­tion en Pologne de l’activité ferroviair­e assurée sur le site genevois.
(SALVATORE DI NOLFI/KEYSTONE) En plus de manifestat­ions et de courts débrayages, les employés d’ABB Sécheron s’étaient mis en grève pendant six jours, mi-novembre, à la suite de l’annonce de délocalisa­tion en Pologne de l’activité ferroviair­e assurée sur le site genevois.

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