VIVRE QUAND MÊME
Le chef-d’oeuvre de Zeina Abirached reparaît en poche
La vie est toujours la plus forte même dans les situations extrêmes… C’est ce que l’on se dit en refermant Mourir, partir, revenir. Le jeu des hirondelles, le chefd’oeuvre de Zeina Abirached, paru en 2007 chez Cambourakis et qui ressort en poche chez Points. Très heureuse initiative que de permettre à une nouvelle brassée de lecteurs de découvrir ce roman graphique sur une famille libanaise et leurs voisins piégés par la guerre à Beyrouth dans les années 1980.
Avec ses dessins très graphiques qui jouent sur les oppositions entre le noir et le blanc et les répétitions de motifs, Zeina Abirached transcrit le vécu intime de la guerre (comment se déplacer d’une rue à l’autre, comment faire ses courses, comment parvenir à téléphoner, comment tuer le temps quand on ne peut plus sortir…) en se basant sur ses souvenirs d’enfance. Au coeur du projet, la phrase dite par sa grand-mère tandis que son appartement ne comprend plus qu’une seule pièce habitable, l’entrée, toutes les autres étant sous le feu des bombardements et des snipers: «Je pense qu’on est quand même, peut-être, plus ou moins, en sécurité ici.» Une galerie de personnages inoubliables qui tous vivent dans un immeuble situé à deux pas de la ligne de démarcation. Parents, voisins, ils puisent en eux-mêmes des trésors d’invention pour faire face et vivre quand même tandis que les enfants tourbillonnent, tout à leurs jeux.