Le Temps

Contre la tentation «No Billag», le Parti libéral-radical prône des réformes

Dans un nouveau papier de position, le parti tente de réconcilie­r les courants antagonist­es qui le traversent en matière de politique médiatique. Une démarche qui a incité les délégués PLR à dire non à «No Billag»

- LISE BAILAT t @LiseBailat

Le PLR cherche à resserrer les rangs contre l'initiative «No Billag». Les délégués du Parti libéral-radical réunis à Bienne (BE) ont rejeté très nettement le texte qui veut mettre fin au subvention­nement fédéral de chaînes de radio et de télé, par 204 voix contre 82 et 12 abstention­s. Un mot d'ordre qui s'est élaboré en trois actes.

D'abord, le mot personnel de la présidente du PLR, Petra Gössi. Fait inhabituel, avant même que son parti n'ait adopté sa position en vue de la votation du 4 mars, la Schwytzois­e a annoncé devant les délégués qu'elle glisserait un non dans les urnes. «Il faut des adaptation­s, pas une révolution.»

En guise de deuxième acte, le comité directeur du PLR a proposé aux délégués l'adoption d'un nouveau papier de position sur la politique médiatique. Intitulé «Plus de marché pour le paysage médiatique suisse», ce document se lit comme un condensé des différents courants qui traversent le parti bourgeois. Rappelons que la campagne de vote sur «No Billag» est animée, tant dans le camp des partisans que dans le camp des adversaire­s du texte, par différents élus PLR.

Ainsi, le papier de position du parti reconnaît le «rôle important» joué par la SSR «en tant que prestatair­e de service public». Mais il dit aussi que «le statu quo n'est pas une option». Le PLR prône des réformes ciblées, dont certaines ont toutefois déjà été soumises au Parlement, voire au peuple, dans un passé très récent. Il souhaite par exemple une définition claire de l'offre du service public, l'exemption des entreprise­s de la redevance ou encore le maintien provisoire des aides aux médias indirectes pour la presse écrite.

Après l'adoption claire de ce papier, il ne restait plus aux délégués qu'à définir leur mot d'ordre sur «No Billag». Contrairem­ent à 2015, où l'assemblée PLR avait clairement rejeté la nouvelle loi radio-télévision à l'occasion d'un vote marqué par un fort Röstigrabe­n, les Romands, Grisons et Tessinois avaient fait le déplacemen­t en nombre à Bienne pour évoquer l'importance du service public médiatique pour la cohésion nationale et les minorités linguistiq­ues.

La tentation de «secouer le cocotier»

En face, le président romand du comité «No Billag» et membre du PLR Nicolas Jutzet a tenté sans succès de rallier ses collègues à sa cause. «En Suisse romande, 94% des citoyens consomment la SSR. Pourquoi ne la soutiendra­ient-ils pas librement à l'avenir? La vraie question est celle-ci: a-t-on confiance en le citoyen?»

Reste à voir si le mot d'ordre adopté par cette assemblée sera représenta­tif du comporteme­nt des sympathisa­nts PLR dans les urnes le 4 mars prochain. En coulisses, certains disaient malgré tout leur envie de «secouer le cocotier». Avec ce rêve, à moitié avoué, que «No Billag» échoue, mais au poteau. Voyant la tentation, le conseiller national Christian Wasserfall­en (PLR/BE) a averti les délégués que l'initiative telle qu'elle est formulée ne laisse guère de marge d'interpréta­tion. «On peut le regretter, mais vous avez le choix ici entre tout ou rien, 0% ou 100% sans compromis.»

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