Agronomie et disparités Nord-Sud
Dans un récent article relatif aux serres expérimentales de l'Université agronome de Wageningen aux Pays-Bas (LT, 27.12.17), on apprend qu'un botaniste néerlandais, Filip Van Noort, est parvenu à maîtriser le processus de production de la vanille sous serres. «Si tout se déroule comme prévu, précise l'article, les champs de tulipes néerlandais avoisineront un jour d'immenses serres de vanille.» Sans doute une remarquable prouesse scientifique et technique, mais quid de son empreinte écologique? Contrairement à la production en milieu naturel, ce processus expérimental sous serres nécessite l'utilisation d'un compresseur pour pulvériser des nuages d'humidité et une chambre climatique pour échauder et étuver les gousses dans un air très humide à 50 °C, puis pour les sécher. Comme le reconnaît le botaniste néerlandais, tenir une serre coûte très cher. Si sa démarche aboutissait, M. Van Noort estime qu'elle mettra «une sacrée pression sur les pays producteurs». Or, le premier pays producteur et exportateur mondial de vanille est Madagascar, l'un des pays les plus pauvres du globe (154e rang sur 188, selon le Rapport 2015 du PNUD sur le développement humain). La production de vanille y constitue le gagne-pain de dizaines de milliers de petits producteurs, qui affrontent de longue date une concurrence sans merci de la vanilline de synthèse. Décidément, les disparités économiques et technologiques Nord-Sud ont encore de beaux jours devant elles!
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