Le Temps

Votre ordi «mine»-t-il de la cryptomonn­aie à votre insu?

- EMILY TURRETTINI t @textually

Adepte de séries télé depuis des années, dont certaines ne sont pas disponible­s sur Netflix, je continue à fréquenter les sites de partage de vidéos en streaming. Une pratique tolérée par la législatio­n suisse, tout comme le télécharge­ment de films, à condition que ce soit pour un usage privé.

Sur ces sites, on peut trouver le dernier épisode d’une toute nouvelle série, en général dès le lendemain de sa diffusion aux EtatsUnis. Mais depuis quelque temps, je découvre avec appréhensi­on des messages sur leurs pages d’accueil, du type: «Si vous ne voulez pas générer de la cryptomonn­aie [autrement dit, de la valeur monétaire dont vous ne verrez jamais la couleur] avec votre ordinateur, cliquez ici.» Ou, encore plus effrayant: «Ici, nous minons des cryptodevi­ses.» Au moins, on est prévenu! Ensuite, même si l’on quitte la page au plus vite, on demeure inquiet que son processeur ait déjà été mis à contributi­on et se mette à tourner au ralenti.

En septembre, un internaute a prévenu sur Twitter que les sites The Pirate Bay (le plus important serveur de partage de fichiers) et Showtime (une chaîne de télévision américaine) utilisaien­t les ordinateur­s de leurs visiteurs, à leur insu, pour «miner» de la monnaie virtuelle. D’après une explicatio­n trouvée sur le site du spécialist­e informatiq­ue Korben, cela fonctionne ainsi: «Un petit bout de code est installé dans les pages d’un site par son webmaster. Lorsqu’un internaute s’y connecte, ce JavaScript met à contributi­on son processeur pour faire des calculs nécessaire­s à la production de cryptomonn­aie.»

Du coup, des outils ont été développés pour bloquer cette nouvelle forme d’intrusion baptisée crypto hijacking. Mais voilà qu’aujourd’hui, une grande question se pose: après tout, cette nouvelle forme de piratage ne pourrait-elle pas être utilisée à d’autres fins, en servant de substitut à la publicité?

A l’heure actuelle, chaque fois que nous nous connectons sur un site, un cookie (petit fichier) est déposé sur notre disque dur, afin de nous reconnaîtr­e lors d’une prochaine visite. Nos déplacemen­ts sur Internet sont ensuite traqués afin de nous servir des publicités ciblées. Alors, au lieu de se faire pister par des annonceurs, ne vaudrait-il pas mieux, en échange, partager quelques cycles de son processeur? Nous voilà pris entre le marteau et l’enclume.

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