Votre ordi «mine»-t-il de la cryptomonnaie à votre insu?
Adepte de séries télé depuis des années, dont certaines ne sont pas disponibles sur Netflix, je continue à fréquenter les sites de partage de vidéos en streaming. Une pratique tolérée par la législation suisse, tout comme le téléchargement de films, à condition que ce soit pour un usage privé.
Sur ces sites, on peut trouver le dernier épisode d’une toute nouvelle série, en général dès le lendemain de sa diffusion aux EtatsUnis. Mais depuis quelque temps, je découvre avec appréhension des messages sur leurs pages d’accueil, du type: «Si vous ne voulez pas générer de la cryptomonnaie [autrement dit, de la valeur monétaire dont vous ne verrez jamais la couleur] avec votre ordinateur, cliquez ici.» Ou, encore plus effrayant: «Ici, nous minons des cryptodevises.» Au moins, on est prévenu! Ensuite, même si l’on quitte la page au plus vite, on demeure inquiet que son processeur ait déjà été mis à contribution et se mette à tourner au ralenti.
En septembre, un internaute a prévenu sur Twitter que les sites The Pirate Bay (le plus important serveur de partage de fichiers) et Showtime (une chaîne de télévision américaine) utilisaient les ordinateurs de leurs visiteurs, à leur insu, pour «miner» de la monnaie virtuelle. D’après une explication trouvée sur le site du spécialiste informatique Korben, cela fonctionne ainsi: «Un petit bout de code est installé dans les pages d’un site par son webmaster. Lorsqu’un internaute s’y connecte, ce JavaScript met à contribution son processeur pour faire des calculs nécessaires à la production de cryptomonnaie.»
Du coup, des outils ont été développés pour bloquer cette nouvelle forme d’intrusion baptisée crypto hijacking. Mais voilà qu’aujourd’hui, une grande question se pose: après tout, cette nouvelle forme de piratage ne pourrait-elle pas être utilisée à d’autres fins, en servant de substitut à la publicité?
A l’heure actuelle, chaque fois que nous nous connectons sur un site, un cookie (petit fichier) est déposé sur notre disque dur, afin de nous reconnaître lors d’une prochaine visite. Nos déplacements sur Internet sont ensuite traqués afin de nous servir des publicités ciblées. Alors, au lieu de se faire pister par des annonceurs, ne vaudrait-il pas mieux, en échange, partager quelques cycles de son processeur? Nous voilà pris entre le marteau et l’enclume.
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