Le Temps

Les trois tendances multimédia­s qui marqueront 2018

Le Consumer Electronic Show de Las Vegas a démontré la montée en puissance des voitures connectées, de la cybersécur­ité et de la réalité augmentée

- LOÏC PIALAT, LAS VEGAS

Le lausannois WayRay a convaincu avec un système de navigation holographi­que Toyota

Le service Alexa d’Amazon avait été la grande star du Consumer Electronic Show (CES), version 2017. Cette année, Google a donné l’impression de vouloir lui voler la vedette avec une présence bien moins discrète que d’habitude. Son Assistant s’affichait sur les écrans géants des hôtels-casinos du Strip de Las Vegas pendant que les mots «Hey Google» décoraient les fenêtres du monorail menant les 170000 visiteurs au centre des convention­s. Le CES, qui s’est tenu la semaine passée, est le plus grand salon technologi­que au monde.

L’une des annonces importante­s du CES a pourtant concerné Alexa, choisie par Toyota pour son système d’infotainme­nt Entune 3.0. BMW, Ford et Nissan ont eux aussi adopté la technologi­e d’Amazon. Google Assistant a séduit Alfa Romeo et les coréens Hyundai et Kia.

Les voitures, stars du salon

Une fois encore, les voitures ont fait de CES un salon de l’automobile autant qu’un rendez-vous de la technologi­e. A côté du français Navya qui a développé un futuriste Autonom Cab de six places (245 000 francs suisses), la firme allemande IAV a présenté une clé à reconnaiss­ance faciale en 3D. Le smartphone identifie le visage du propriétai­re du véhicule.

«Cette année, nous avons mis l’accent sur la partie sécurisati­on du véhicule autonome. Ces véhicules sont connectés en permanence et donc sujets au hacking et à l’intrusion d’agents extérieurs», explique Olivier Imberdis, patron de IAV France.

IAV travaille avec Karamba, une start-up israélienn­e qui a déjà levé 17 millions de dollars. Dans une suite du Bellagio, son cofondateu­r David Barzilai décrit l’écran de contrôle permettant à un constructe­ur de visualiser l’état de sa flotte: 75% des voitures produites en 2020 devraient être connectées.

«La sécurité des voitures est très différente de celle des data centers ou des antivirus pour ordinateur. Dans un cas, on perd des données. Dans l’autre, la vie», résume David Barzilai. «Des terroriste­s n’ont pas besoin d’être sur le territoire pour exploiter les vulnérabil­ités d’un système et emmener les voitures où ils veulent», dit-il.

L’importance de la sécurité

Après une année 2017 marquée par les dégâts du ransomware WannaCry, l’enjeu de la cybersécur­ité dépasse largement l’automobile. Le secteur manque d’ailleurs de spécialist­es (3 millions de postes non pourvus en 2021) alors que les 8 milliards d’objets connectés recensés dans le monde constituen­t des cibles idéales. La société Bitdefende­r se propose d’y remédier avec une box à 200 dollars, sorte de bouclier à connecter au réseau.

«Il faut imaginer ce boîtier comme un sandwich de technologi­es. Une Smart Home, c’est beaucoup de technologi­es, d’appareils utilisant différents types de logiciels, de plateforme­s, de matériel. On ne peut pas installer d’antivirus dans un thermostat ou un interphone», détaille Dan Berte, directeur de l’Internet des objets chez Bitdefende­r.

Moins anxiogènes, les réalités augmentée, virtuelle et mixte ont pris plus de place au CES cette année. Entre les lunettes AR ou les casques de VR, WayRay, une société installée à Lausanne, a convaincu avec son Navion, un système de navigation holographi­que. Ce petit morceau de verre, à disposer au-dessus du tableau de bord, donne des informatio­ns supplément­aires sur la route.

«La difficulté avec ce type de produits, c’est que l’utilisateu­r devait en permanence ajuster son regard, de près à loin. Nous avons résolu le problème. Le compteur de vitesse, le GPS, tout est à 10 mètres, donc vous regardez toujours au loin, sans fatiguer vos yeux», raconte le responsabl­e de projet Alex Kalmanson.

Projets africains

Si la Suisse a désormais ses habitudes au CES, ce n’est pas le cas pour plusieurs pays africains. Mamadou Diagne doit sa présence au salon à un concours de l’Etat sénégalais remporté avec son applicatio­n I-citoyen. Celle-ci accompagne les 54% de la population ne sachant pas lire ou écrire en traduisant, via une interface vocale, des documents en français en wolof ou en peul, notamment.

«C’est un projet qui essaie de lutter contre des problèmes simples dans nos pays», avance l’entreprene­ur. «Ces population­s exclues, mine de rien, ont des téléphones portables. Elles utilisent les réseaux sociaux, WhatsApp et autres, alors pourquoi ne pas leur proposer une solution qui facilite leur quotidien?»

Mamadou Diagne laisse entendre que la Silicon Valley développe des produits pas forcément adaptés à certaines population­s. «Alors il faut s’approprier la technologi­e et faire en sorte qu’elle réponde à nos besoins», affirme-t-il.

 ?? (ALEX WONG/AFP) ?? Le français Navya a présenté à Las Vegas un futuriste «Autonom Cab» de six places, équipé de capteurs Lidar, de caméras et de radars. Il dispose également de deux antennes GPS.
(ALEX WONG/AFP) Le français Navya a présenté à Las Vegas un futuriste «Autonom Cab» de six places, équipé de capteurs Lidar, de caméras et de radars. Il dispose également de deux antennes GPS.

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