Le FMI demande à Pékin d’assumer son rôle de puissance économique mondiale
A une semaine du Forum de Davos, l’Asie, moteur de la croissance mondiale, fait le point sur sa propre reprise et sa place dans le monde
La monnaie chinoise a atteint lundi son plus haut niveau face au dollar depuis deux ans. En cause: un nouveau relèvement du taux de référence du yuan, mais surtout la stabilisation de l’économie chinoise qui se poursuit. En 2017, le yuan a gagné plus de 6% et son renchérissement s’est accentué ces dernières semaines. Pékin continue toutefois d’encadrer la convertibilité de sa monnaie, la laissant fluctuer dans une fourchette quotidienne de 2%.
La bonne santé de l’économie chinoise a été confirmée lors de la dixième édition de l’Asia Financial Forum (AFF) qui a lieu ces lundi et mardi à Hongkong. Cette manifestation réunit quelque 3000 décideurs économiques et chefs d’entreprise. Elle accueille aussi pas moins de 620 rencontres bilatérales entre entrepreneurs et investisseurs. L’AFF a lieu traditionnellement chaque année à mi-janvier, comme une sorte de réunion préparatoire asiatique en vue du Forum de Davos qui commencera ses travaux mardi 23 janvier dans les Alpes suisses.
La Chine, partenaire majeur
«Le soleil s’est levé sur l’ensemble de l’économie mondiale et l’Asie, qui contribue pour deux tiers à la croissance, a relevé David Lipton, premier vice-directeur du Fonds monétaire international (FMI) dans son allocution lundi à l’AFF. La Chine seule y contribue pour un tiers. Le Japon et la Corée du Sud progressent eux aussi malgré les tensions géopolitiques avec leur voisin nord-coréen.» Il a ajouté que l’Inde refait également sa réputation de moteur de la croissance mondiale, non sans avoir traversé un ralentissement. Pour le numéro deux du FMI, la progression de la croissance en Asie est liée à une forte demande intérieure, à des investissements et à des exportations en hausse, ainsi qu’à des flux accrus de capitaux étrangers.
C’est dans ce contexte que le gendarme de l’économie mondiale appelle Pékin à assumer pleinement son rôle dans la gouvernance mondiale. «En tant que nation commerçante, la Chine est un partenaire majeur pour une centaine de pays qui totalisent 80% du produit brut mondial, a poursuivi David Lipton. Elle est le point central de la chaîne de production au niveau planétaire, un aimant pour les pays exportateurs de matières premières et une importatrice de premier rang. Au fil des années, elle est devenue une source incontournable d’investissements et de crédit, tout comme elle est un fournisseur majeur de l’aide au développement.» En matière de nouvelle économie (technologie, robots, intelligence artificielle), elle se classe parmi les premiers.
David Lipton a enfin souligné que le géant chinois est le troisième actionnaire du FMI et que la monnaie chinoise fait désormais partie du panier de devises qui constitue les droits de tirage spéciaux (DTS) – un agrégat composé de plusieurs monnaies que le Fonds utilise pour effectuer ses transactions. Dans le même registre, Pékin est le premier actionnaire de la Banque asiatique d’investissement dans les infrastructures (BAII) créée en 2014 pour financer des grands travaux.
«Dès lors, le défi pour la Chine n’est pas seulement de générer sa propre croissance, mais aussi d’agir de sorte que ses politiques profitent à l’ensemble de l’économie mondiale», a martelé le numéro deux du FMI.
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