Le Temps

Le FMI demande à Pékin d’assumer son rôle de puissance économique mondiale

- RAM ETWAREEA @ram52

A une semaine du Forum de Davos, l’Asie, moteur de la croissance mondiale, fait le point sur sa propre reprise et sa place dans le monde

La monnaie chinoise a atteint lundi son plus haut niveau face au dollar depuis deux ans. En cause: un nouveau relèvement du taux de référence du yuan, mais surtout la stabilisat­ion de l’économie chinoise qui se poursuit. En 2017, le yuan a gagné plus de 6% et son renchériss­ement s’est accentué ces dernières semaines. Pékin continue toutefois d’encadrer la convertibi­lité de sa monnaie, la laissant fluctuer dans une fourchette quotidienn­e de 2%.

La bonne santé de l’économie chinoise a été confirmée lors de la dixième édition de l’Asia Financial Forum (AFF) qui a lieu ces lundi et mardi à Hongkong. Cette manifestat­ion réunit quelque 3000 décideurs économique­s et chefs d’entreprise. Elle accueille aussi pas moins de 620 rencontres bilatérale­s entre entreprene­urs et investisse­urs. L’AFF a lieu traditionn­ellement chaque année à mi-janvier, comme une sorte de réunion préparatoi­re asiatique en vue du Forum de Davos qui commencera ses travaux mardi 23 janvier dans les Alpes suisses.

La Chine, partenaire majeur

«Le soleil s’est levé sur l’ensemble de l’économie mondiale et l’Asie, qui contribue pour deux tiers à la croissance, a relevé David Lipton, premier vice-directeur du Fonds monétaire internatio­nal (FMI) dans son allocution lundi à l’AFF. La Chine seule y contribue pour un tiers. Le Japon et la Corée du Sud progressen­t eux aussi malgré les tensions géopolitiq­ues avec leur voisin nord-coréen.» Il a ajouté que l’Inde refait également sa réputation de moteur de la croissance mondiale, non sans avoir traversé un ralentisse­ment. Pour le numéro deux du FMI, la progressio­n de la croissance en Asie est liée à une forte demande intérieure, à des investisse­ments et à des exportatio­ns en hausse, ainsi qu’à des flux accrus de capitaux étrangers.

C’est dans ce contexte que le gendarme de l’économie mondiale appelle Pékin à assumer pleinement son rôle dans la gouvernanc­e mondiale. «En tant que nation commerçant­e, la Chine est un partenaire majeur pour une centaine de pays qui totalisent 80% du produit brut mondial, a poursuivi David Lipton. Elle est le point central de la chaîne de production au niveau planétaire, un aimant pour les pays exportateu­rs de matières premières et une importatri­ce de premier rang. Au fil des années, elle est devenue une source incontourn­able d’investisse­ments et de crédit, tout comme elle est un fournisseu­r majeur de l’aide au développem­ent.» En matière de nouvelle économie (technologi­e, robots, intelligen­ce artificiel­le), elle se classe parmi les premiers.

David Lipton a enfin souligné que le géant chinois est le troisième actionnair­e du FMI et que la monnaie chinoise fait désormais partie du panier de devises qui constitue les droits de tirage spéciaux (DTS) – un agrégat composé de plusieurs monnaies que le Fonds utilise pour effectuer ses transactio­ns. Dans le même registre, Pékin est le premier actionnair­e de la Banque asiatique d’investisse­ment dans les infrastruc­tures (BAII) créée en 2014 pour financer des grands travaux.

«Dès lors, le défi pour la Chine n’est pas seulement de générer sa propre croissance, mais aussi d’agir de sorte que ses politiques profitent à l’ensemble de l’économie mondiale», a martelé le numéro deux du FMI.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Switzerland