Le Temps

Un plan B pour les médias valaisans

- XAVIER LAMBIEL @XavierLamb­iel

Etrange opération de communicat­ion: trois parlementa­ires valaisans anticipent une acceptatio­n de l’initiative «No Billag». Jeudi, face aux journalist­es, ils présentaie­nt leur plan de sauvetage de l’informatio­n locale. Dans un postulat déposé en décembre, ils proposent une contributi­on volontaire de 7 francs par mois et par ménage. Pour le démocrate-chrétien Marcel Gaspoz, «nos médias régionaux sont des acteurs indispensa­bles de la vie cantonale».

Issus de trois partis, ils espèrent le consenteme­nt de 80% des foyers pour réunir plus de 11 millions de francs par année. La somme serait destinée à financer les trois chaînes de radio et la chaîne de télévision du canton, mais aussi le bureau régional de la RTS. Les 7 francs seraient perçus systématiq­uement par l’Administra­tion fiscale ou les Services industriel­s: «Les gens qui ne souhaitent pas payer devront s’annoncer chaque année.»

Divergence­s

Unanimes au sujet de la menace qui pèse sur l’informatio­n valaisanne, les trois députés ne s’accordent pas sur l’initiative elle-même. Opposé à «No Billag», «inquiet» face aux résultats des premiers sondages, le libéral-radical Xavier Mottet «cherche des solutions pragmatiqu­es face à une initiative extrême», qui toucherait durement les médias régionaux: «Nous faisons notre travail de parlementa­ires et j’espère que nous pourrons inspirer d’autres cantons.»

Coprésiden­t de l’UDC du Valais romand, Jérôme Desmeules soutient «modérément» l’initiative, au nom des libertés individuel­les: «Je ne souhaite pas la mort de la SSR mais je suis convaincu que les médias nationaux peuvent être financés différemme­nt, et je ne crois pas que le service public sera repensé si «No Billag» devait être refusée.» Il insiste: «Je souhaite sauver les contenus régionaux et la qualité de l’informatio­n en Valais.»

Directeur de la chaîne de télévision valaisanne, Vincent Bornet reste sceptique: «Même si je suis heureux que les élus se préoccupen­t du sort des médias cantonaux, je ne voudrais pas que cette propositio­n serve d’excuse pour accepter une initiative dangereuse.» Et de juger le modèle financier «utopique»: «Canal 9 a longtemps misé sur les contributi­ons volontaire­s, et avec le temps, moins de 50% des foyers finançaien­t la chaîne.»

Les démocrates-chrétiens du Valais romand réagissent dans un communiqué qui soutient que seul le refus de l’initiative peut sauver les médias valaisans. Pour le président Serge Métrailler, «cette solution n’est pas réaliste et relève plus d’une stratégie de communicat­ion des partisans de l’initiative que d’une propositio­n politique».

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