Le Temps

Supprimer trois quarts des ressources de la SSR n’est ni juste ni acceptable

- BENOÎT GENECAND CONSEILLER NATIONAL (PLR/GE)

Drôle de guerre sur le front «No Billag». Les deux camps rivalisent d’arguments à double tranchant. La situation est bien sûr particuliè­re. Avec la SSR au centre du débat qui doit assurer l’informatio­n. Avec des politicien­s engagés dans la bataille qui ont forcément à l’esprit le rôle que cette même SSR joue dans leur carrière.

Commençons par le camp des opposants. Ils avancent l’argument de l’emploi: 6000 postes de travail sont en jeu qu’il faudrait sauver. Que la gauche, et sa pensée magique de l’Etat pourvoyeur d’emplois, entonne cet argument ne surprend pas: c’est son fonds de commerce. Dans la bouche de libéraux en revanche, cela fait drôle. Les mêmes se mobilisero­nt-ils pour les boulangers qui disparaiss­ent au profit des grandes surfaces? Pour les 40 emplois qui seront supprimés à l’ATS? Les chauffeurs de taxi ubérisés? Les ingénieurs d’ABB? Deuxième faiblesse des partisans: l’accent mis sur le rôle de la SSR dans la constructi­on helvétique. Dans le mécano multilingu­e, multi-régions, ville-campagne, jeunes-vieux qui fait l’instable et bel équilibre de notre pays. Rôle indispensa­ble, j’en conviens. Mais rôle joué aussi et depuis plus longtemps par la presse écrite: par la NZZ, la Weltwoche, le Blick,L’Impartial ou Le Temps. Presse écrite soumise aux vents mauvais du marché. Et, en ce moment, c’est la curée. Alors quoi? Sauver la SSR et son 1,2 milliard de subvention et laisser mourir tranquille­ment Le Courrier, qui vient de fêter ses 150 ans?

Les partisans de «No Billag» font, eux, assaut d’hypocrisie: «Mais non, la suppressio­n de la redevance ne signifie pas la fin de la SSR», «des moyens nouveaux seront trouvés», «les gens paieront spontanéme­nt pour des programmes de qualité»… c’est du pur foutage de gueule! «No Billag» signifie la fin de la SSR. Rideau. Aucune autre issue ne peut être pronostiqu­ée. Quelque chose renaîtra bien et une offre de médias se fera jour. Quelle forme prendront ces programmes et comment seront-ils financés? Nul ne le sait. Et, fondamenta­lement, ce n’est peut-être pas aux partisans de «No Billag» de décrire le plan B. Ils disent que le financemen­t de la SSR par les ménages et les entreprise­s n’est plus acceptable. C’est une opinion qui se défend. Il faut néanmoins en assumer les sévères conséquenc­es pratiques.

La SSR est loin d’être parfaite: sa force de contre-pouvoir est amoindrie par sa dépendance à l’argent public. Sa domination du paysage médiatique s’accompagne souvent d’une bienpensan­ce pesante. Mais c’est une belle entreprise qui fait un travail remarquabl­e. Et qui fournit un service public primordial pour le pays. Ce service

Les partisans de «No Billag» font, eux, assaut d’hypocrisie: «Mais non, la suppressio­n de la redevance ne signifie pas la fin de la SSR.» C’est du pur foutage de gueule!

est financé par la redevance. C’est ce que nous avons voulu. On peut imaginer des changement­s dans la durée. Et certaineme­nt qu’il y en aura. Mais dire que l’on va couper les vivres du jour au lendemain, pratiquer une politique de la terre brûlée en supprimant trois quarts des ressources d’un coup. Eh bien, ce n’est ni juste ni acceptable. Et cela ne le serait pour aucune activité publique. Même la plus périphériq­ue. Je dirai non à «No Billag».

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