Le Temps

De «No Billag» à «No Swiss»

- JEAN-CYRIL ROSSIER AUTEUR-RÉALISATEU­R

L’initiative «No Billag» lancée par les Jeunes UDC et déjà soutenue par les sections UDC zurichoise et vaudoise est une initiative qui contredit les fondements idéologiqu­es de ce parti que sont la démocratie directe, la neutralité, le fédéralism­e, une armée forte, la cohésion nationale et une culture suisse populaire et traditionn­elle. Ce sont les valeurs libérales et libertarie­nnes de ce parti qui s’opposent au maintien de l’identité suisse tant désirée par l’UDC.

Les médias sont en difficulté dans le monde entier et fusionnent afin de pallier les déficits récurrents de cette industrie. C’est le cas en Suisse depuis quelques années. M. Blocher et ses proches rachètent ou tentent de racheter des groupes de presse à perte ou sans potentiali­té de rentabilit­é future afin de préserver durablemen­t l’idéologie de l’UDC blochérien­ne dans l’opinion publique. Pour les responsabl­es de l’UDC, l’initiative «No Billag» arrive tactiqueme­nt au bon moment afin de porter un coup à la liberté d’expression, aux valeurs démocratiq­ues et à la diversité culturelle de la Suisse. Les stratèges de l’UDC que sont Christoph Blocher, Walter Frey et Thomas Matter connaissen­t parfaiteme­nt le fonctionne­ment des médias, ayant participé à des achats ou à des offres d’achat.

Le président du comité d’initiative «No Billag», Olivier Kessler, rédacteur en chef du bihebdomad­aire Schweizerz­eit d’obédience UDC, fait partie de cette stratégie. Ne soyez pas dupe, l’initiative «No Billag» entre dans le cadre d’une guerre idéologiqu­e que l’UDC mène contre la culture suisse depuis des décennies et contre la liberté d’expression. Le but des stratèges de l’UDC est, d’une part, de contrôler une partie du paysage médiatique suisse afin de pérenniser l’adhésion de l’opinion publique aux idées conservatr­ices et d’obtenir une majorité au Conseil national, puis au Conseil fédéral. D’autre part, de supprimer les instrument­s de communicat­ion où la liberté d’expression se déploie de manière libre, indépendan­te, diffusant la diversité culturelle, linguistiq­ue et politique en Suisse et à travers le monde. Et enfin de rendre la Suisse dépendante de chaînes privées et des fake news, permettant l’acculturat­ion des masses et une américanis­ation accélérée de la société, portant les valeurs de la violence et de la guerre, alors que la Suisse est culturelle­ment neutre et pacifique depuis cinq siècles.

Après la votation de l’initiative «No Billag», l’UDC ne pourra plus se poser comme étant le seul défenseur des mythes fondateurs de la nation, car «No Billag» est une attaque ciblée contre nos valeurs et notre culture suisses. En outre, une des techniques démagogiqu­es utilisées par les partis populistes consiste à utiliser les valeurs de la nation comme un paravent pour cacher les intérêts particulie­rs de leur mentor.

Trop de libertaris­me et de libéralism­e nuisent à l’identité suisse, car une société orientée uniquement vers l’argent ne peut que générer le vide identitair­e et par conséquent la désunion des éléments constituan­t la nation.

L’ultralibér­alisme aboutit à un seul gagnant, le plus fort, le plus puissant et le plus grand. Vouloir privatiser la télévision publique, les transports publics, La Poste et éventuelle­ment l’armée, selon la doctrine des libertarie­ns, nous conduirait à tomber un jour sous le joug d’une grande puissance. Un Etat pacifique, neutre, démocratiq­ue avec une administra­tion qui fonctionne et des entreprise­s étatiques fortes peut maintenir le cercle vertueux dans lequel la Suisse s’est toujours trouvée. Cette initiative veut porter atteinte à l’indépendan­ce de notre pays.

Au moment de la montée des populismes en Europe, d’une situation internatio­nale explosive, la Suisse doit rester une démocratie forte avec des entreprise­s et des administra­tions publiques solides. Le 4 mars, votez non à «No Billag» afin que la Suisse puisse diffuser ses idées et sa force démocratiq­ues à travers le monde et qu’elle puisse exister à travers les siècles. Ne soyez pas dupe, cette initiative dont le titre ne peut être reconnu dans une langue nationale porte les germes de la désunion et de la violence.

Ne soyez pas dupe, l’initiative «No Billag» entre dans le cadre d’une guerre idéologiqu­e que l’UDC mène contre la culture suisse depuis des décennies et contre la liberté d’expression

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