Le Temps

Le cloud, machine de guerre d’Amazon

Amazon Web Services écrase la concurrenc­e avec ses services cloud utilisés par un million de clients, dont Novartis. Rencontre à Zurich avec l’un de ses responsabl­es, qui évoque la présence en Suisse de la multinatio­nale

- ANOUCH SEYDTAGHIA, ZURICH @Anouch

C'est la machine de guerre d'Amazon. Beaucoup moins connue que son service d'e-commerce, la division cloud (informatiq­ue en nuage) du géant américain est pourtant à la base de son succès. Amazon Web Services (AWS), ce sont aujourd'hui des immenses centres de données sur tous les continents, faisant tourner les services de la multinatio­nale, mais aussi ceux d'un million de clients.

Novartis, Netflix, le FC Barcelone ou encore Swisstopo – l'Office fédéral de la topographi­e en Suisse – sont clients d'AWS, tant pour le stockage de données que pour leur traitement. Jeudi, Glenn Gore, responsabl­e de l'architectu­re pour AWS, était de passage à Zurich à l'occasion du World Web Forum. L'occasion de faire un coup de projecteur sur cette filiale peu médiatisée en rencontran­t cet Australien arborant un t-shirt bardé des personnage­s du jeu vidéo Space Invaders.

AWS est aujourd'hui dominateur sur le marché du cloud. La société de recherche Gartner estime que la division d'Amazon détient 44,2% de ce marché, loin devant les 7,1% de Microsoft, les 3% d'Alibaba et les 2,3% de Google. «Nous avons eu la chance de nous lancer très tôt sur ce marché, en 2006 déjà, explique Glenn Gore. Le fondateur Jeff Bezos a tout de suite compris l'importance de posséder notre propre infrastruc­ture informatiq­ue. Et nous l'avons ensuite mise à dispositio­n de centaines de milliers de clients: des entreprise­s, mais aussi des particulie­rs.»

Amazon Web Services vient d’ouvrir trois centres dans la région parisienne, pour en compter dix-huit au total dans le monde.

L’exemple de Novartis

AWS, qui a réalisé un chiffre d'affaires de 4,6 milliards de dollars au troisième trimestre 2017 – une progressio­n de 42% sur un an – représente déjà plus de 10% du chiffre d'affaires d'Amazon. Cette croissance n'est pas près de ralentir. «Rendez-vous compte, le soir, notre client Netflix consomme à lui seul deux tiers de la bande passante totale aux Etats-Unis, poursuit Glenn Gore. Le cloud, ce n'est pas seulement du stockage de données. Rien qu'en 2017, nous avons lancé plus de cent nouveaux services pour nos clients. Et nous voulons sans cesse innover.» AWS propose ainsi des services de reconnaiss­ance d'image, de commande vocale, de traduction de texte en voix, mais aussi des chatbots – des agents conversati­onnels autonomes.

Pour Glenn Gore, les besoins en puissance de calcul à distance vont augmenter de manière exponentie­lle. «Prenez Novartis. La société a réussi, grâce à nos services cloud, à mobiliser 87000 coeurs informatiq­ues pour réaliser une étude en seulement 9 heures, pour un coût de 4200 dollars. Sans ces services cloud, il aurait fallu 39 ans à Novartis pour parvenir à des résultats. La détection de cancers via des services cloud est aussi extrêmemen­t performant­e.»

Présence en Suisse

L'avenir passera-t-il par des centres de données de plus en plus gros et nombreux? «A priori oui, nous ne cessons d'en ouvrir de nouveaux, répond le responsabl­e. Et nous faisons en sorte d'être de plus en plus proches de nos clients.» AWS vient ainsi d'ouvrir trois centres dans la région parisienne, pour en compter dix-huit au total dans le monde. «Nos clients peuvent décider s'ils veulent que leurs données soient stockées et traitées dans tel pays ou telle région», poursuit Glenn Gore.

Et si un pays comme la Suisse en venait à imposer à certaines de ses entreprise­s de stocker leurs données à l'intérieur de ses frontières? «Nous n'avons pas de plan pour construire un centre de données en Suisse, répond Glenn Gore. Mais une entreprise peut très bien stocker ses données en interne et utiliser nos services pour faire tourner tous ses logiciels, ses applicatio­ns et le système de traitement de données.»

AWS possède des bureaux à Genève et à Zurich, sans que la société ne donne davantage de détails. Un centre existe aussi en Suisse – sans que l'on sache où – pour stocker «en cache» certains contenus – sans doute vidéo – pour éviter des temps de latence trop importants pour les internaute­s.

Critiques sur la proximité

AWS est trop éloigné de ses clients suisses pour être une véritable alternativ­e aux centres de données suisses, disent souvent des responsabl­es de datacenter­s locaux. «C'est faux, répond Glenn Gore. Nous avons un service clients efficace et des partenaire­s locaux, tels Swisscom, qui sont extrêmemen­t proches de nos clients.»

RESPONSABL­E DE L’ARCHITECTU­RE D’AMAZON WEB SERVICES

«Le cloud, ce n’est pas seulement du stockage de données. Rien qu’en 2017, nous avons lancé plus de cent services pour nos clients»

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GLENN GORE

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