Le Temps

Trois heures de grève à l’Agence télégraphi­que suisse

- BORIS BUSSLINGER @BorisBussl­inger

Touchée par une restructur­ation, l'ATS a débrayé mardi après-midi. Les journalist­es contestent l'ampleur des mesures annoncées par la direction

Les journalist­es de l'Agence télégraphi­que suisse (ATS) ont fait grève dans toute la Suisse mardi après-midi. Mécontents après l'annonce d'une sévère restructur­ation – 40 postes de journalist­e sur 150 au total pourraient être supprimés –, ils ont manifesté à Berne, sous les fenêtres du siège suisse de l'agence. La rédaction juge les licencieme­nts annoncés «injustifia­bles» et s'y oppose avec fermeté.

Sous une météo clémente, plus de 200 personnes – selon un participan­t – ont brièvement déambulé dans un concert de sifflets. Outre les employés, quelques personnali­tés politiques ont fait le déplacemen­t comme Regula Rytz, présidente suisse des Verts (BE), ou le conseiller national Matthias Aebischer (PS/BE). Le politicien est inquiet: «L'ATS, c'est l'âme de tous les journalist­es. Imaginez si l'initiative «No Billag» est acceptée et l'ATS démantelée, ça ne va pas.» Le Bernois a annoncé qu'il déposerait une interpella­tion auprès du Conseil fédéral pour l'inciter à prendre position sur le devenir de l'agence.

Une fois le cortège terminé, la commission de rédaction de l'ATS a adopté une résolution. Saluant des concession­s de la part de la direction, comme le maintien de l'indépendan­ce de la rédaction italophone, le texte renouvelle néanmoins son opposition aux restructur­ations telles qu'elles se présentent à l'heure actuelle. Il demande également que soient maintenues les rubriques économique, étrangère et culturelle, dont la suppressio­n ou le regroupeme­nt respectif ont été annoncés.

Les employés réclament en outre que deux personnes «avec une expérience dans le journalism­e» puissent décider du futur de l'agence «sur un pied d'égalité» avec Markus Schwaab, le directeur général.

«Des licencieme­nts demeurent nécessaire­s»

Contactée, la direction a déclaré qu'elle allait «étudier les nouvelles demandes du comité de rédaction». Des licencieme­nts demeurent cependant nécessaire­s, a indiqué son responsabl­e de la communicat­ion, qui ajoute toutefois que seuls huit collaborat­eurs seraient concernés par un licencieme­nt sans offre compensato­ire. La période est agitée pour l'ATS, qui fusionne actuelleme­nt avec l'agence photo Keystone et dont la moitié du capital a été repris par son homologue autrichien­ne APA. Une perte de 1,9 million est d'ores et déjà prévue en 2018 par la direction, qui indique «subir de plein fouet la situation très difficile dans le monde de la presse».

Elle n'est pas la seule. Mardi après-midi, le quotidien régional La Côte, qui compte une petite vingtaine de collaborat­eurs, annonçait également deux licencieme­nts. Les «problèmes économique­s actuels» en sont la cause.

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