Trois heures de grève à l’Agence télégraphique suisse
Touchée par une restructuration, l'ATS a débrayé mardi après-midi. Les journalistes contestent l'ampleur des mesures annoncées par la direction
Les journalistes de l'Agence télégraphique suisse (ATS) ont fait grève dans toute la Suisse mardi après-midi. Mécontents après l'annonce d'une sévère restructuration – 40 postes de journaliste sur 150 au total pourraient être supprimés –, ils ont manifesté à Berne, sous les fenêtres du siège suisse de l'agence. La rédaction juge les licenciements annoncés «injustifiables» et s'y oppose avec fermeté.
Sous une météo clémente, plus de 200 personnes – selon un participant – ont brièvement déambulé dans un concert de sifflets. Outre les employés, quelques personnalités politiques ont fait le déplacement comme Regula Rytz, présidente suisse des Verts (BE), ou le conseiller national Matthias Aebischer (PS/BE). Le politicien est inquiet: «L'ATS, c'est l'âme de tous les journalistes. Imaginez si l'initiative «No Billag» est acceptée et l'ATS démantelée, ça ne va pas.» Le Bernois a annoncé qu'il déposerait une interpellation auprès du Conseil fédéral pour l'inciter à prendre position sur le devenir de l'agence.
Une fois le cortège terminé, la commission de rédaction de l'ATS a adopté une résolution. Saluant des concessions de la part de la direction, comme le maintien de l'indépendance de la rédaction italophone, le texte renouvelle néanmoins son opposition aux restructurations telles qu'elles se présentent à l'heure actuelle. Il demande également que soient maintenues les rubriques économique, étrangère et culturelle, dont la suppression ou le regroupement respectif ont été annoncés.
Les employés réclament en outre que deux personnes «avec une expérience dans le journalisme» puissent décider du futur de l'agence «sur un pied d'égalité» avec Markus Schwaab, le directeur général.
«Des licenciements demeurent nécessaires»
Contactée, la direction a déclaré qu'elle allait «étudier les nouvelles demandes du comité de rédaction». Des licenciements demeurent cependant nécessaires, a indiqué son responsable de la communication, qui ajoute toutefois que seuls huit collaborateurs seraient concernés par un licenciement sans offre compensatoire. La période est agitée pour l'ATS, qui fusionne actuellement avec l'agence photo Keystone et dont la moitié du capital a été repris par son homologue autrichienne APA. Une perte de 1,9 million est d'ores et déjà prévue en 2018 par la direction, qui indique «subir de plein fouet la situation très difficile dans le monde de la presse».
Elle n'est pas la seule. Mardi après-midi, le quotidien régional La Côte, qui compte une petite vingtaine de collaborateurs, annonçait également deux licenciements. Les «problèmes économiques actuels» en sont la cause.
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