Et si on parlait du service public?
«Peut-être n’avons-nous pas assez dialogué avec la société», écrivait Gilles Marchand, directeur de la SSR (LT du 06.01.2018). Bonne intuition car jusqu’ici le seul objet du dialogue était d’être pour ou contre la SSR. Alors qu’il faut tout de même parler du mandat de service public qui lui est confié, de son évolution, de son adéquation aux voeux des citoyens et finalement du prix à payer pour l’obtenir, ce qui est l’enjeu de la votation. Par définition, le service public audiovisuel «doit contribuer à la libre formation de l’opinion à travers une information complète, diversifiée et fidèle, en particulier sur les réalités politiques, économiques, sociales et culturelles». Rien à dire à cet égard, la SSR est parfaite. C’est au niveau du «prix à payer» pour obtenir ce service que cela se gâte car la SSR a largement dévié de sa modeste mission initiale au fil du temps. Primo la redevance est devenue chère pour les ménages modestes. Secundo la publicité prend de plus en plus de place dans les programmes, jusqu’à provoquer l’indigestion des téléspectateurs. […] Et tertio voici que la SSR mémorise ce que font les téléspectateurs avec leurs télécommandes afin de leur envoyer de la publicité ciblée. Pour couronner le tout, Swisscom, associée à la SSR au sein d’Admeira SA, envisage de démanteler son réseau national d’émetteurs TV «pour faire des économies». Mais on pourrait tout aussi bien imaginer que c’est pour forcer tous les ménages du pays à se raccorder à son câble Swisscom TV afin qu’elle puisse espionner leurs habitudes et leur ponctionner un abonnement au passage. Elle oublie peutêtre qu’en Suisse il y a 20% de ménages qui ne pourraient pas s’offrir ce luxe et que le citoyen conscient ne veut pas qu’on l’espionne, il ne l’est déjà que trop. A noter que la TV hertzienne (TNT) a l’avantage de ne pas rendre possible l’espionnage et aussi celui d’être gratuit. Alors d’accord pour payer une redevance radio-TV, mais à condition qu’elle soit proportionnelle au revenu. […] Alors d’accord pour rejeter l’initiative «No Billag» le 4 mars prochain car le démantèlement brutal de la SSR serait trop lourd de conséquences. Mais alors obligation pour la SSR et les politiques de corriger les dérives actuelles une fois le «psychodrame «No Billag» derrière nous.
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