Le Temps

Des slogans MCG bannis des trams

- FLORIAN DELAFOI @floriandel

Le parti populiste a crié mardi à la censure sur sa page Facebook. Les Transports publics genevois se défendent: «Il y a eu un dialogue cordial et constructi­f» pour reformuler les messages du mouvement

Le Mouvement Citoyens genevois (MCG) rêvait d’afficher les mots «frontalier­s» et «vermine» sur les trams de la ville. «C’est un support sympathiqu­e pour communique­r, tous les passants peuvent voir votre campagne d’affichage», explique François Baertschi, secrétaire général du parti. Mais les deux propositio­ns n’ont pas convaincu les responsabl­es des TPG. «Freinons l’afflux de frontalier­s!» a été retoqué en novembre, idem en décembre pour «Eliminons la vermine!», qui vise la délinquanc­e.

Un mois après la dernière tentative, le MCG s’offusque de cette décision dans un article publié mardi par le journal 20 minutes. Le parti populiste crie à la censure et revendique une «totale liberté d’expression». Sur sa page Facebook, il a publié les deux affiches originales accompagné­es de ce message: «Les Transports Publics Gaulois nous prouvent que ce sont les permis G qui font la loi chez nous.»

Une colère qui tranche avec la version avancée par le porte-parole des Transports publics genevois. François Mutter assure que les affiches n’ont pas fait l’objet d’un refus de la part de TP Publicité, filiale de la régie publique. «Il n’y a pas eu de censure à leur égard. Il y a eu un dialogue cordial et constructi­f entre le diffuseur et l’annonceur», nuance-t-il. Au terme de cette discussion, les premiers slogans ont été remplacés par «Imposons enfin la préférence cantonale» et «La sécurité c’est votre liberté». Des versions édulcorées, selon le parti. «Il est définitive­ment impossible d’utiliser le mot «frontalier». Il est considéré comme agressif ou extrême», juge François Baertschi, qui confirme toutefois l’échange au sujet des modificati­ons. Du côté des TPG, on tient à dégonfler la polémique. «Il a été observé que le premier slogan pouvait être positivé. Et que les propos du second étaient virulents. Leur contenu aurait pu heurter l’opinion publique, ce qui est contraire aux clauses de déontologi­e émises par TP Publicité, rappelle François Mutter. Sur cette base, il y a eu un échange qui a mené aux visuels retenus au final.»

Sans qu’on évoque le sujet, le secrétaire général du parti populiste a salué le «travail en interne» des TPG pour engager des Genevois, et non des résidents français. Car le sujet ne se limite pas à quelques slogans placardés sur des trams. Le MCG porte un regard sévère sur le fonctionne­ment de la régie publique. En janvier 2017, le mouvement avait dénoncé la nomination d’une Française à la tête des ressources humaines. «Il est certain que la présence de nombreux frontalier­s aux postes clés des TPG les rend peu sensibles aux préoccupat­ions des habitants du canton de Genève», expliquait le communiqué.

Une analyse partagée par le Parti nationalis­te suisse, qui fait un rapprochem­ent clair entre la décision de ne pas retenir les premiers slogans et le personnel des transports publics. «Combien de frontalier­s et de cadres frontalier­s employés aux TPG? Ils ne vont pas scier le tronc qui tient la branche sur laquelle ils sont assis!» attaque le parti d’extrême droite sur son compte Facebook.

La régie publique se serait bien passée de cette situation inconforta­ble. Si la publicité politique est autorisée à Genève, ce n’est pas le cas à Lausanne. Les Transports publics lausannois refusent toute publicité de ce type, souligne 20 minutes. Un fonctionne­ment qui ne plaît guère au MCG, qui n’est toutefois pas implanté dans le canton de Vaud. «C’est dommage, on tue le débat politique à Lausanne. Il faudrait laisser la possibilit­é aux partis politiques d’utiliser cette forme de communicat­ion. Cela met de la vie et on peut faire connaître nos idées», estime François Baertschi.

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(MCG) Un tram circule dans les rues de Genève, avec le slogan du MCG.

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