Le Temps

L’échelle des dangers d’avalanches a changé

- S. P.

Le degré 4 est étendu vers le bas et interviend­ra plus souvent désormais. Mais le bureau des avalanches, le SLF, veut à tout prix éviter que le danger soit sous-estimé

Cette semaine, le SLF est difficile à joindre, «absorbé par la situation actuelle», nous dit-on depuis Davos. Il est vrai que c’est un hiver rare, pour ne pas dire unique, par l’intensité des précipitat­ions.

Mais ses conditions exceptionn­elles ne font pas que bouleverse­r le quotidien de l’institut pour l’étude pour la neige et des avalanches. Elles ne provoquent pas seulement blocages et chaos sur les routes et dans les villages de montagne. Elles dissimulen­t aussi un changement dans l’échelle des dangers d’avalanche.

Seulement aux profession­nels

Depuis cet hiver, le SLF a décidé de modifier quelques-uns de ses critères. L’objectif était de corriger les différence­s avec certains pays voisins. La principale conséquenc­e est que le degré de danger 4 (fort) est désormais plus étendu. Vers le bas. «Les degrés 3 les plus élevés deviendron­t des degrés 4», résume Thomas Stucki. Mais le responsabl­e de l’équipe Prévisions d’avalanches du SLF est prudent dans le choix des mots. Il sait que le sujet est sensible. «Cela ne concernera qu’une poignée de cas par hiver.»

En termes de communicat­ion, c’est un vrai exercice d’équilibris­te pour le SLF. Parce que d’une part, certains services de sécurité se mettent en branle de manière systématiq­ue, lorsque le degré 4 est affiché. «Nous avons donc modifié la manière de rédiger nos recommanda­tions, qui était plus strictes auparavant, précise Thomas Stucki. Chaque risque mérite d’être analysé localement, sur la base de ses propres mesures et observatio­ns.»

D’autre part, le SLF devait gérer les effets de ce changement sur les skieurs hors-piste, les randonneur­s ou les alpinistes. Si l’institut l’a seulement communiqué aux profession­nels de la montagne, et non pas au grand public, c’est parce qu’il veut éviter que le danger soit sous-estimé par ceux qui consultent son bulletin, avant de prévoir une sortie en montagne.

Le degré 3 est le plus mortel

Avant que cette décision ne soit prise, une étude (non publiée) a été réalisée. Elle a pu s’appuyer sur les milliers de données qu’a accumulées le SLF depuis l’hiver 1937-1938. En regard du changement d’échelle, cette statistiqu­e est particuliè­rement équivoque: au cours des vingt dernières années, seulement 5% des accidents mortels se sont produits pendant un degré 4. Par contre, 60% des décès sont intervenus lorsque le degré de danger était à 3.

Parce qu’en degré 4, les sorties sont beaucoup moins nombreuses? Des profession­nels de la montagne nous le confirment: le passage du danger 3 au danger 4 est rédhibitoi­re. Il décourage une immense majorité des skieurs hors piste.

«Les situations avec un degré 3 sont beaucoup plus fréquentes que les autres, ajoute Thomas Stucki. Et elles offrent souvent de belles conditions pour les randonnées. Mais il est évident que si l’on affiche un degré 4, c’est qu’il y a vraiment du danger.»

«Chaque risque mérite d’être analysé localement, sur la base de ses propres mesures et observatio­ns»

THOMAS STUCKI, RESPONSABL­E DE L’ÉQUIPE PRÉVISIONS D’AVALANCHES DU SLF

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