Voici venu le temps de la technologie criminelle
Comment évoluer dans un monde où on ne peut pas croire ce que l’on voit, ni ce que l’on entend et encore moins ce que l’on lit? Au fur et à mesure des panels à Davos, une évidence apparaît: la technologie produit de la contrefaçon à tour de bras. Vous connaissiez les fake
news, le concept se décline désormais dans tous les domaines. Et les victimes sont toujours plus nombreuses.
A l’instar de cette société suisse dont le principal dirigeant nous explique avoir déjà subi trois tentatives d’extorsion par une voix de synthèse. A chaque fois, le stratagème est le même: la personne qui a accès au cash de l’entreprise reçoit un appel du grand patron lui demandant de procéder à un transfert urgent sur le compte d’une banque. Le collaborateur côtoie régulièrement le CEO et reconnaît donc parfaitement sa voix… Sauf que ce n’est pas la sienne.
«Nous pensons que ma voix a été synthétisée, à l’occasion de mes interviews données à des TV notamment, puis éditée afin de me faire dire n’importe quoi», nous explique le CEO encore très retourné par cette expérience. La demande étant inhabituelle, l’employé a à chaque fois donné l’alerte et l’affaire s’est arrêtée là. Mais l’entreprise a dû revoir son approche de sécurité pour prendre en compte ce nouveau risque, totalement imprévisible jusqu’alors.
La technologie permet de réaliser des merveilles. Ou votre pire cauchemar. Voici venu le temps du fake porn: avec des applications faciles d’accès, un bon bidouilleur peut désormais transférer des visages de célébrités sur des corps d’actrices pornos pour réaliser des vidéos très convaincantes. L’été dernier, une vidéo de Barack Obama avait produit un grand effet sur les réseaux sociaux. L’intelligence artificielle a depuis réalisé d’énormes progrès et il faudra bientôt une certification des contenus vidéo pour s’y retrouver, avancent déjà des experts à Davos.
La biotechnologie n’est pas en reste. Avec CRISP, qui permet d’éditer les gènes, le meilleur est à venir et peut-être le pire. Notamment en ce qui concerne des transferts de particularités d’une espèce de plante modifiée à l’autre, sans que cela soit souhaité. Ce qui fait dire à des voix dans le monde universitaire qu’il faut envisager d’avantage de collaborations entre le secteur de l’innovation, les entreprises et les gouvernements sur une question devenue centrale: quelles sont les technologies qui peuvent être déployées à large échelle et celles qui doivent encore rester dans le champ expérimental? Belle idée mais, à la vitesse de propagation de l’innovation, sûrement illusoire.