Deux crashes jettent un froid sur les voitures semi-autonomes
En l'espace de quelques jours, une Model S de Tesla et une Chevrolet Bolt de General Motors ont été impliquées dans des accidents aux EtatsUnis. La question de la responsabilité des conducteurs ressurgit
Elle n’a ni volant, ni boîtier de vitesse, ni pédales. Et elle sera commercialisée dès 2019 par General Motors. Le constructeur automobile américain annonçait il y a dix jours le lancement imminent de sa voiture Cruise Autonomous Vehicle, qui doit être le premier modèle de masse totalement autonome. Mais d’ici là, le débat sur les responsabilités des humains assis à l’avant des véhicules ne cessera de prendre de l’ampleur. Cette semaine, la révélation de deux accidents impliquant, aux EtatsUnis, chacun un véhicule semi-autonome a mis en lumière les difficultés à faire cohabiter les humains et la technologie dans une voiture.
Le premier accident a impliqué une Model S de Tesla et un camion de pompiers. L’accrochage, qui n’a pas fait de blessé, est survenu lundi dans la région de Los Angeles. Le camion était parqué sur une bande d’arrêt d’urgence à côté d’un autre accident lorsqu’il a été percuté par le véhicule électrique à une vitesse estimée par les pompiers à 105 km/h. «C’est incroyable qu’il n’y ait eu aucun blessé! S’il vous plaît, restez attentifs lorsque vous conduisez», a écrit sur Twitter le service du feu de la ville de Culver. Il n’y a en effet eu que des dégâts matériels, surtout du côté de la berline. Contacté par des médias américains, Tesla a affirmé dans un communiqué que le système Autopilot de navigation semi-autonome est «prévu pour être utilisé uniquement avec un conducteur pleinement attentif».
Accident avec une moto
Le deuxième accident est intervenu le 7 décembre, mais n’a été rendu public que cette semaine. Il a impliqué un modèle Chevy Bolt de General Motors et un motocycliste, à San Francisco. Ironie de l’histoire, le conducteur de la moto, blessé à la nuque et à l’épaule dans l’accident, est un photographe qui avait notamment travaillé pour General Motors. Selon les premiers éléments de l’enquête, le conducteur du véhicule avait activé le mode Cruise Automation de sa voiture. La Chevrolet Bolt aurait tenté de changer de voie, avant de revenir sur sa voie originelle en heurtant à ce moment-là la moto.
Alors que les fabricants ne cessent de vanter les mérites de leurs systèmes, les conducteurs utilisent ces derniers comme s’il s’agissait de systèmes totalement autonomes
Dans ce cas, les versions divergent. «Le rapport rédigé par la police de San Francisco affirme que le motocycliste est entré sur notre voie avant qu’il soit sûr de le faire», affirme General Motors. Le motocycliste, de son côté, explique que la voiture a soudainement changé de voie. Et son avocat précise que le conducteur de la voiture a essayé de reprendre le contrôle de son véhicule en mettant les mains sur le volant, mais trop tard. Une action en justice contre General Motors a été ouverte.
Endormi au volant
Cette semaine, le site Wired racontait une autre anecdote. Le week-end passé, un conducteur de Tesla était arrêté par la police sur le Bay Bridge de San Francisco, inconscient au volant de sa voiture qui roulait. «C’était OK, la voiture était en mode Autopilot, a expliqué aux policiers l’homme, dont le l’alcoolémie était au-dessus de la limite.
Ces accidents et cette anecdote illustrent un même problème. Les fabricants ne cessent de vanter les mérites de leurs systèmes de conduite semi-autonome – Autopilot pour Tesla, Super Cruise pour Cadillac, Traffic Jam Pilot pour Audi ou ProPilot Assist pour Nissan – et les conducteurs les utilisent comme s’il s’agissait de systèmes totalement autonomes. Certains fabricants ont pris des mesures. Tesla oblige ainsi le conducteur à toucher régulièrement le volant. Mais pour certains, la tentation est trop forte: on apprenait récemment que des conducteurs de Tesla plaçaient une orange entre deux éléments du volant pour imiter la pression d’une main…
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