Le Temps

Les avantages et les défauts du stylo connecté de Moleskine. Test

- FABIEN GOUBET @fabiengoub­et

Equipé d’une mini-caméra qui détecte ses mouvements, le Smart Writing Set de Moleskine numérise parfaiteme­nt l’écriture manuscrite. Mais se montre incapable ou presque d’exporter les résultats sous forme utilisable

Dans une rédaction innovante comme celle du Temps, deux population­s ennemies se côtoient. D’un côté les apôtres du numérique, qui ne conçoivent l’avenir qu’à condition que celui-ci soit dématérial­isé, garni de bits, d’octets voire de bitcoins. De l’autre, les ayatollahs du combo papier crayon qui, Internet ou pas, prennent un malin plaisir à gribouille­r toutes sortes de papiers, qui pour prendre des notes, qui pour organiser son agenda. Il se murmure même que certains ou certaines écriraient leurs articles sur papier avant de les transcrire sur leur ordinateur.

C’est dans ce contexte de tension extrême que nous avons décidé de tester un gadget qui pourrait ramener la paix dans notre newsroom: le stylo connecté Smart Writing Set. Il promet de numériser l’écriture manuscrite couchée sur papier et de la convertir en fichiers numériques. Voyons ce qu’il en est dans les faits.

Cahier propriétai­re

Vendu 249 francs sur Digitec.ch, qui nous a prêté un exemplaire pour ce test, le Smart Writing Set est un pack contenant le stylo connecté, un agenda et un carnet spécifique­s, une mine de rechange et un câble micro USB pour la recharge.

Sans être désagréabl­e en main, le stylo, un Neo Smartpen, est un peu trop gros. Il se connecte en Bluetooth à un ordinateur sous Windows 10, ou un smartphone Android ou Apple, sur lesquels une applicatio­n dédiée prend en charge le travail de numérisati­on.

La connexion du stylo se fait sans peine. Après une courte phase de calibrage, on peut commencer à écrire sur l’un des deux carnets fournis. Il est en effet impossible d’utiliser du papier lambda: les feuilles des carnets sont quadrillée­s par une sorte de matrice permettant à l’applicatio­n de savoir où la pointe du crayon se trouve sur la feuille. Les traits sont quant à eux filmés par une mini-caméra située dans le crayon, et là encore c’est l’applicatio­n qui s’occupe de la partie numérisati­on.

Nous sommes donc sur une technologi­e différente d’autres modèles de stylos connectés. Nous avions ainsi testé l’Augmented Paper de Montblanc, qui numérise les coups de crayon grâce à un mini-scanner situé sous la feuille. Ce stylo ne nous avait pas fait très bonne impression. Hélas, le Smart Writing Set ne s’est guère montré plus convaincan­t.

Fichiers peu utiles

Commençons par le plus positif: la reconnaiss­ance des mouvements du stylo est quasi parfaite. On peut écrire, dessiner, griffonner… quelques secondes après avoir noirci le papier, une copie conforme de la page apparaît sur l’écran du smartphone. Ces notes sont modifiable­s depuis l’applicatio­n: on peut gommer des parties, réécrire par-dessus, changer certaines couleurs, etc.

Une fois le gribouilla­ge terminé, il reste à exporter son fichier. C’est là que les choses se gâtent. L’exportatio­n ne peut se faire que via un format image, un PDF, ou un fichier texte. On dispose donc dans le premier cas d’une simple image fixe, comme si l’on avait pris une photo de n’importe quelle page, écrite avec n’importe quel stylo. A quoi bon dépenser 249 francs dans ce cas?

Dans le deuxième cas, le fichier PDF ne nous a semblé d’aucune utilité ou presque, puisqu’il est impossible de l’éditer. Enfin, l’exportatio­n vers un fichier texte relève de la mauvaise blague: même en s’appliquant, l’applicatio­n peine à reconnaîtr­e la moitié des caractères. Ainsi, «la reconnaiss­ance de caractères laisse à désirer» devient «la reconnaiss­ance de caoadires laissez dtirer».

Dommage, car pouvoir prendre des notes à la main pour les consulter et les compléter ensuite sur son ordinateur nous avait semblé comme LA fonction qui justifiait un tel achat. Pire, depuis la sortie de la version Windows, l’applicatio­n est censée permettre une exportatio­n des notes manuscrite­s au format Word. Las, nous n’avons jamais trouvé moindre trace d’une telle fonction. Et nos messages auprès du fabricant n’ont rien donné de probant.

Malheureus­ement, cet inconvénie­nt de taille disqualifi­e le Smart Writing Set en tant qu’outil de travail au quotidien. C’est un joli gadget qui impression­ne certes ses collègues pendant quelques minutes, mais prend ensuite la poussière au fond d’un tiroir. Surtout que les cahiers de rechange sont vendus plus de 40 francs, soit le double d’un cahier moleskine classique! Et ce ne sont pas les quelques autres fonctions, telles que la sauvegarde des fichiers dans divers services de cloud (Google Drive, Evernote, Adobe et iCloud), qui convaincro­nt ceux qui hésitent encore. Les «pro» et les «anti» papier vont donc pouvoir continuer à se quereller.

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