Davos, Berset et Trump…
Quel besoin avait donc le président de la Confédération de rencontrer un tel homme? Le président et deux autres conseillers fédéraux ont eu l’insigne honneur de passer une grosse demi-heure avec une personne de plus en plus épinglée pour sa grossièreté (le New York Times vient de publier deux pleines pages des insultes qu’il a proférées au cours de sa première année de présidence), son racisme, son mépris avéré des femmes et son dédain assumé des faits objectifs. Cet homme est au centre d’une enquête spéciale concernant ses liens présumés avec la Russie, dont l’intervention dans les élections présidentielles de 2016 est maintenant largement avérée. Le New York Times vient de publier également une contribution éditoriale qui recense de la part de Trump au moins dix obstructions à la justice connues, suffisantes pour enclencher la procédure d’impeachment. On en dénombrait neuf pour Nixon et sept pour Clinton, tous deux soumis à cette procédure. Un accueil protocolaire ordinaire aurait largement suffi. En déclarant que cette rencontre a consisté en un échange de «très bonne qualité», Berset offre une respectabilité à un homme qui ne vit que par et pour les flatteries. Et en prime une affirmation narcissique que sa politique a permis aux Suisses de s’enrichir grâce aux excellents résultats boursiers des entreprises américaines, dus évidemment à lui seul. Un peu de dignité face à ce politicien irresponsable n’aurait pas nui à la bonne réputation de la Suisse. Mais il faut être honnête: Trump n’a pas confondu la Suisse avec la Suède! Une rencontre de «très bonne qualité», je vous le dis.
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