Le Temps

Varo Money veut révolution­ner le secteur bancaire américain

- LOÏC PIALAT, LOS ANGELES @loicpialat

L’applicatio­n de la start-up Varo Money permet de visualiser l’ensemble de ses comptes bancaires, y compris ceux d’autres établissem­ents, et propose l’envoi d’alertes sur les paiements à venir ou encore une aide à la préparatio­n de son budget.

La jeune pousse californie­nne vient de lever 45 millions de dollars. Elle espère devenir outre-Atlantique la première banque nationale conçue en priorité pour les possesseur­s de smartphone­s

De Wells Fargo à American Express, Colin Walsh a passé vingt-cinq ans dans le secteur bancaire. De quoi lui donner de la crédibilit­é à la tête de Varo Money, applicatio­n fondée en 2015. La start-up de San Francisco se présente comme rien de moins que «le compte en banque du futur».

«Il y a une raison pour laquelle la banque du futur n’a pas encore été créée: c’est très dur!» prévient Colin Walsh pour Le Temps. «Mais notre équipe est unique dans le sens où elle peut à la fois comprendre la complexité des régulation­s du secteur et créer un produit avec lequel le consommate­ur se sent à l’aise. L’intégratio­n des produits des banques traditionn­elles à travers la technologi­e fait notre différence», assure-t-il. Le projet a séduit les investisse­urs: Varo a annoncé le 18 janvier avoir levé 45 millions de dollars (41,8 millions de francs), soit 72 millions de dollars en deux ans.

Pour se faire une place dans la fintech, Varo Money renonce à des habitudes bancaires qui exaspèrent de nombreux Américains: pas de frais de gestion de compte, pas de solde minimum requis, pas de frais de retrait (à condition de retirer l’argent dans l’un des 50000 distribute­urs automatiqu­es partenaire­s). Son compte épargne propose même un taux d’intérêt 25 fois supérieur au taux moyen, promet la start-up. En partie grâce aux économies générées par l’absence de structures physiques ou de réseaux de distribute­urs.

Mais Varo se décrit aussi comme un «banquier dans votre poche», pour citer Colin Walsh. «Le client devrait avoir accès à un conseil financier dès qu’il en a besoin et ne pas être importuné le reste du temps, précise-t-il. On veut réduire le stress de nos clients en leur donnant une autonomie financière.»

D’où la possibilit­é de visualiser l’ensemble de ses comptes, y compris d’autres banques, l’envoi d’alertes sur les paiements à venir ou encore une aide à la préparatio­n de son budget. «Pour l’instant, c’est plutôt un agrégateur de services financiers, estime Kevin Morrison, analyste chez Aite Group. C’est très pratique pour quelqu’un qui veut gérer son argent depuis son téléphone. L’outil de budgétisat­ion est très utile. Dans l’ensemble, ils sont sur le bon chemin» ajoute-t-il.

Les «millennial­s» en ligne de mire

Val, un chatbot lancé fin 2016, sert de coach financier. Val en dit beaucoup sur la cible prioritair­e de Varo: les millennial­s (personnes nées entre 1980 et 2000). Selon une étude menée par la start-up, 85% d’entre eux sont convaincus que l’intelligen­ce artificiel­le les aiderait à mieux gérer leur argent. Une grande majorité n’a pas non plus envie de mettre les pieds dans une banque. «Ils veulent tout faire depuis leur téléphone. Y compris leurs finances, commente le patron de Varo. C’est la génération la plus à l’aise avec le numérique.»

Des concurrent­s dans le «mobile banking»

Aux yeux de Kevin Morrison, des applicatio­ns comme Green Dot présentent des options similaires. Chime, Zero, Simple, Jiko et l’allemand N26 sont d’autres noms du mobile banking. Varo et Simple ont d’ailleurs un partenaire commun, Bancorp Bank, qui permet à Varo de proposer une carte de débit Visa. Car sans licence bancaire, Varo n’a pas le droit d’offrir certains services et dépend donc pour le moment d’un sponsor comme Bancorp. Le maximum autorisé pour un retrait est encore bas et l’argent déposé sur un compte pas immédiatem­ent disponible alors que c’est ce que demandent les millennial­s.

Varo Money a donc déposé l’été dernier une demande de licence auprès des instances américaine­s. Si elle est validée, Varo deviendra la première banque nationale uniquement disponible sur smartphone. Mais l’Etat fédéral américain n’a pas attribué de nouvelles licences bancaires depuis près de dix ans.

«Le nombre de lobbyistes pour la fintech à Washington est significat­if aujourd’hui. Cela portera ses fruits, mais peut-être pas dès demain. Comme toujours, cela viendra avec la demande des consommate­urs. Plus ils seront à l’aise avec de type d’institutio­ns financière­s, plus les législateu­rs le seront», note Kevin Morrison.

En attendant, Varo Money compte des «dizaines de milliers» de clients, selon son patron Colin Walsh. Un patron qui n’exclut pas une expansion à l’internatio­nal dans les années à venir.

Le compte épargne de Varo Money propose un taux d’intérêt 25 fois supérieur au taux moyen aux Etats-Unis, promet la start-up

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(GUIDO MIETH/GETTY IMAGES)

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