Le Temps

En Coupe Davis, les conviction­s de Severin Lüthi

- YVES JATON, ASTANA

Pour la sixième fois en sept ans, la Suisse devra passer par un barrage en septembre pour sauver sa place dans le groupe mondial. Malgré la défaite au Kazakhstan, le capitaine helvétique croit en sa mission

Il en a fallu du courage, à Severin Lüthi, pour passer sans transition des chaleurs australien­nes (38° le jour de la finale) au rigoureux froid kazakh (-21° dimanche), d'une finale de Grand Chelem à un premier tour de Coupe Davis, de la Rod Laver Arena au Centre national d'Astana. D'une victoire historique à une défaite de plus.

Si le capitaine de l'équipe de Suisse accepte, moins d'une semaine après avoir quitté Roger Federer, de se retrouver avec des joueurs dont le mieux classé, Mikhaïl Kukushkin, joue dans le camp d'en face et n'occupe qu'un modeste 73e rang mondial, c'est parce qu'il croit en sa mission. «Si je n'étais pas persuadé que les membres de ma formation pouvaient progresser, je ne serais pas là», affirme le Bernois avec déterminat­ion.

Severin Lüthi est également convaincu que l'appartenan­ce au groupe mondial, qui réunit les 16 meilleures nations de la planète, est très utile pour le tennis helvétique. «Je suis conscient que nous faisons partie des plus faibles équipes de cette élite, mais c'est en se confrontan­t à plus fort que soi que l'on accumule des expérience­s profitable­s.» Cet aspect ne suffit cependant pas au coach de longue date de Roger Federer. «Même si mes joueurs sont souvent moins bien classés que leurs adversaire­s, je veux qu'ils se battent pour gagner leur match. Je suis toujours déçu de perdre, quelles que soient les circonstan­ces.»

Un double méritant

A Astana, bien que les Suisses aient concédé la défaite dans les trois parties à enjeu, ils ont eu, et cela a atténué le désappoint­ement de Severin Lüthi, la possibilit­é de vaincre. Surtout samedi en double où Luca Margaroli, déjà très convaincan­t lors de sa première en Coupe Davis à Bienne au mois de septembre dernier contre la Biélorussi­e, et Marc-Andrea Hüsler, débutant dans l'épreuve, ne se sont inclinés qu'en cinq sets face à la solide paire Nedovyesov-Khabibulin.

Le Saint-Gallois Adrian Bodmer, qui n'avait encore jamais évolué en simple en Coupe Davis, a lui aussi tenu la dragée haute vendredi au vétéran kazakh Kukushkin.

La déception vient donc essentiell­ement d'Henri Laaksonen, passé partiellem­ent à côté de son match contre Dmitry Popko, le deuxième joueur kazakh. «Quand le numéro deux d'une équipe bat le numéro un de l'autre, il n'y a généraleme­nt plus beaucoup de chances de victoire finale», résume Severin Lüthi. Si Laaksonen a souvent bien tenu son rôle de leader par le passé, il traverse actuelleme­nt une grave crise de confiance. Classé au 93e rang mondial en août, il est depuis ressorti du top 100 (actuel 123e à l'ATP).

Pour la Suisse, il vaudrait mieux qu'Henri Laaksonen résolve ses problèmes avant le barrage de septembre. Il est à espérer également que le tirage au sort, programmé le 10 avril, continue d'être favorable à l'équipe de Suisse. «Depuis le titre remporté en 2014, nous n'avons jamais affronté de grandes nations en barrage pour rester dans l'élite, reconnaît Severin Lüthi, ce qui pourrait rendre notre mission quasi impossible. Espérons qu'il en ira également ainsi cette année.»

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