Les trente et un qui se rêvent en ministre
Le délai pour les listes des candidats au Conseil d’Etat tombait ce lundi. Un nombre record de personnes se sont inscrites. Notre revue des forces en présence, en sachant qu’il y aura au minimum un nouveau ministre à prêter serment le 1er juin prochain
Le poste de conseiller d’Etat genevois fait apparemment envie. Ils sont 31 à s’être déclarés officiellement candidats et à figurer sur une liste déposée auprès du Service des votations. Un record. Le délai tombait ce lundi. Mais ce chiffre pourrait varier: les dossiers demandent vérification et leur validation finale tombera jeudi. Ils étaient 29 en 2013.
Cette donnée-là ne variera pas: les Genevois sont chargés d’élire sept membres à l’exécutif cantonal. Et pour la première fois depuis le changement de Constitution, ce Conseil d’Etat siégera pendant cinq ans.
Tous les membres de l’équipe actuelle qui peuvent le faire se présentent. François Longchamp, président PLR, atteint par la limite légale, ne pourra pas le faire. Il y aura donc au minimum un nouveau ministre à prêter serment, le 1er juin prochain.
Une femme semble bien placée pour succéder à François Longchamp. Son élection représenterait le choix de la continuité par les Genevois: Nathalie Fontanet est en effet issue du même parti que lui, le PLR. Députée depuis dix ans, elle est l’actuelle cheffe du groupe PLR. Elle avait auparavant siégé au parlement municipal de la Ville de Genève. Elle avait d’ailleurs tenté, sans succès, de se faire élire au Conseil administratif de la Ville, il y a dix ans. Elle vient d’avoir 53 ans. Moins connu des Genevois, son colistier, Alexandre de Senarclens, aura de la peine à la devancer.
Du poids à la gauche
Si le peuple devait décider de donner plus de poids à la gauche au sein de l’exécutif cantonal (actuellement composé de deux PLR, deux PDC, un MCG, un PS et un Vert), l’actuelle ministre des Finances de la Ville de Genève, Sandrine Salerno, a toutes ses chances. Sa présence sur le ticket de son parti montre que la socialiste est pleine de ressources. Il y a quatre ans, elle avait terminé troisième candidate socialiste, derrière Anne Emery-Torracinta, élue, et Thierry Apothéloz, conseiller administratif de Vernier. Trop clivante, ont tranché les exégètes socialistes. «Depuis, Sandrine a fait un gros travail au sein de notre formation, dit un de ses camarades. Elle a rencontré beaucoup de monde et a recentré son image.»
Son entourage n’oublie jamais de mentionner le bon classement que lui vaut sa gestion des deniers municipaux dans les magazines économiques. Et le soutien que certains entrepreneurs lui apporteraient. Thierry Apothéloz peut, lui, compter sur les membres de l’Association des communes genevoises (ACG), qu’il préside. Véritable lobby des communes, l’ACG a réussi, sous sa présidence, à devenir un interlocuteur pugnace face au Conseil d’Etat lorsque ce dernier a tenté d’imposer des réformes parfois à la hussarde. La vice-présidence de l’ACG est assurée par une certaine Sandrine Salerno.
Pierre Maudet l’intouchable
Parmi les conseillers d’Etat sortants, Pierre Maudet survole les débats. Paradoxalement, sa défaite lors de l’élection du Conseil fédéral lui a conféré une aura d’intouchable. Il faut dire que le PLR, qui avait tout de même un bout de législature comme ministre derrière lui, n’a pas attendu deux ans pour lancer des projets de loi importants, comme ses camarades. Domaine pénitentiaire, sécurité, taxis: il a fait passer au Grand Conseil des réformes de taille, sabre au clair.
Les autres ministres n’ont pas démérité, même si aucun n’a un bilan personnel sans tache. Certains enseignants sont fâchés avec Anne Emery-Torracinta. Serge Dal Busco a travaillé, avec sérieux, des dossiers impopulaires comme la réforme de l’imposition des entreprises. Le sentiment diffus chez les Genevois que personne ne maîtrise le développement de leur région pourrait coûter des voix à Luc Barthassat, à l’électorat solide mais au bilan maigre concernant les transports. Antonio Hodgers, chargé du Logement, présente certes des chiffres de constructions en hausse, mais cette grogne pourrait l’atteindre également. Ses colistiers, Yvan Rochat, maire de Vernier, et surtout Marjorie de Chastonay ont peu de chances de figurer au second tour.
L’UDC en arbitre
Si son parti, le MCG, devait connaître la déroute que beaucoup lui prédisent, Mauro Poggia (sur le ticket avec Ana Roch et Daniel Sormanni) pourrait se retrouver affaibli, au soir du premier tour. Surtout si l’ennemi Genève en marche, la formation «anti-MCG» d’Eric Stauffer (qui se présente au Conseil d’Etat accompagné de Ronald Zacharias), créait l’improbable surprise d’atteindre le quorum de 7%. Le trio UDC Yves Nidegger, Stéphane Florey et Thomas Bläsi arbitrera ce duel.
A l’extrême gauche, le charismatique Pablo Cruchon a fait savoir dimanche soir qu’il cédait à Jean Burgermeister sa place sur le ticket Ensemble à gauche qu’il composait avec les députées Salika Wenger et Jocelyne Haller. Un conflit au sein de sa formation l’y a contraint. Ils seront concurrencés par la Liste pour Genève (Magali Orsini et Pierre Gauthier).
Vert’libéraux (Jérôme Fontana et Suzanne Amsler) et PBD (Thierry Vidonne et André Leistner) ont chacun désigné deux candidats. Notons enfin trois candidatures qui ressemblent à des aventures personnelles: Paul Aymon sur la liste Santé!, le vigneron Willy Cretegny (Prospérité maîtrisée) et Axel Amberger, pour la liste De rien pour arriver à pas grand-chose.
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