Une correction bienvenue. Avant le chaos?
Toute ressemblance avec des événements survenus il y a dix ans serait purement fortuite. En 2008, la phase aiguë de la crise financière s’était ouverte par une chute vertigineuse des bourses qui, sur fond de crise bancaire, avait paralysé l’économie mondiale.
Rien de tel aujourd’hui, au contraire. La plongée des marchés depuis vendredi marque la fin d’une décennie d’anomalies issues de la Grande Dépression. La question est désormais de savoir où se trouvent les prochains risques systémiques globaux.
Avec la fin des taux d’intérêt nuls et des injections de liquidités par les banques centrales, on revient dans un monde où emprunter de l’argent coûte quelque chose, où les prix et les salaires augmentent, où l’argent facile ne dope plus en permanence les marchés. Le fait que Wall Street ait vécu lundi sa «pire journée depuis 2011» montre simplement que l’économie mondiale va mieux.
Autre différence avec la crise financière: cette fois, les régulateurs assurent qu’ils ont la situation en main.
L’effondrement ces derniers jours du bitcoin, passé en quelques semaines de 19000 à 6000 dollars l’unité, montre que leur discours n’est pas entièrement creux. Il a suffi que quelques pays menacent de sévir pour que la cryptomonnaie rentre dans le rang. Un mouvement accentué hier par la BRI – clé de voûte du système des banques centrales – qui appelle à intervenir «si nécessaire» contre le bitcoin.
Avec le dégonflement des bulles financières et le retour de la croissance, 2018 commence sous des auspices idylliques. Mais cela pourrait ne pas durer. A Davos, les prescripteurs de l’élite mondiale s’inquiétaient des vulnérabilités liées aux nouvelles technologies – robots et algorithmes sont d’ailleurs accusés d’avoir accentué la chute des bourses. Mais il y a peutêtre plus grave: le spectre d’un choc géopolitique.
Avant et pendant les Fêtes, les commentateurs se sont demandé si l’année qui s’ouvre ne serait pas celle où la politique étrangère de Donald Trump ferait «boum». La nouvelle posture de défense américaine, dévoilée ces jours, fait état d’un net retour des menaces militaires venues d’Etats «révisionnistes» ou «voyous» comme la Russie, la Chine, l’Iran ou la Corée du Nord.
Pour la première fois depuis la fin de la Guerre froide, l’hypothèse d’une guerre entre puissances ressurgit. Or, le développement du capitalisme depuis 1945 s’est toujours fait à l’ombre d’une hégémonie américaine indiscutée. Ce monde-là est en train de disparaître. Si ce regain de tension politiquesse confirme, les soubresauts boursiers des derniers jours feront figure de simple anecdote.
C’est du champ géopolitique que pourraient venir les prochains chocs