«Etre administrateur d’une start-up est plus difficile»
Virginie Verdon connaît très bien le monde des entreprises pour siéger dans plusieurs conseils d’administration de PME et de start-up. Selon la directrice de la Board Academy, la gestion des risques est beaucoup plus difficile dans les jeunes pousses que dans une entreprise du SMI
Grâce à son expertise de gestionnaire et membre de conseils d’administration au sein de PME et start-up, Virginie Verdon a développé une connaissance de l’écosystème de l’entrepreneuriat helvétique, avec une expertise dans des secteurs hightech. Depuis dix ans, elle siège dans plusieurs conseils d’administration en Suisse et en France et accompagne des PME et des start-up dans leur évolution. Elle coordonne et dirige également la Board Academy, un programme dédié aux administrateurs et aux propriétaires de jeunes pousses ou de PME.
Certaines PME peinent à dématérialiser leur conseil d’administration. Qu’en est-il des start-up? Le papier ou les e-mails n’existent plus depuis longtemps au sein des conseils d’administration des start-up. Elles sont très agiles et développent elles-mêmes leur propre outil collaboratif d’échange et de partage de documents. D’autres travaillent, entre autres, avec Sharepoint, une solution de Microsoft, ou Podio, qui appartient au groupe Citrix Systems.
Quelles sont les principales difficultés que rencontrent les start-up avec leur conseil d’administration? Les start-up sont des animaux particuliers qui fonctionnent différemment des grandes entreprises. Dans les sociétés d’une certaine importance, il y a une claire séparation des pouvoirs. Les membres du conseil d’administration diffèrent de ceux du management. Dans une start-up, tout est mélangé. Le fondateur se retrouve très souvent président du conseil d’administration, actionnaire majoritaire et directeur de l’entreprise. Lorsqu’un investisseur externe arrive, cela peut se compliquer tant dans le fonctionnement du conseil d’administration que par les velléités de certains d’intervenir dans l’opérationnel.
Etre administrateur de petites et moyennes structures requiert quelles compétences particulières? C’est beaucoup plus compliqué d’être administrateur d’une start-up que d’une entreprise du SMI. La pression financière, l’évaluation des risques et la gestion de la crise sont souvent le lot quotidien des entreprises de petite taille. La gestion de la croissance, le financement voire la vente de la société sont monnaie courante. Il faut donc être capable de réagir rapidement et avec les bons réflexes. Souvent rien n’existe, il faut préciser la délégation, être attentif aux mélanges des casquettes, maîtriser les finances au jour le jour. Une erreur peut avoir de lourdes conséquences et coûter très cher à l’administrateur en place. Le conseil d’administration peut changer la destinée d’une entreprise. Souvent, les start-up ont le réflexe de chercher des administrateurs qui pensent comme les fondateurs. Il faudrait changer ce réflexe et trouver les personnes qui ne connaissent pas nécessairement le secteur de la start-up et qui poseront des questions piquantes.
A qui est destinée la formation de Board Academy? Elle est destinée aux personnes qui désirent entrer dans le conseil d’administration d’une start-up. Des business angels, des investisseurs institutionnels, mais aussi des jeunes entrepreneurs suivent notre formation. Lancée il y a trois ans, celle-ci s’articule sur quatre demi-journées de quatre heures. Après Lausanne et Zurich, nous allons prendre nos quartiers dans le Valais, à l’Espace Création à Sion, pour offrir un programme en français dédié aux administrateurs et propriétaires de jeunes pousses ou de PME de la région.
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«Souvent, les start-up ont le réflexe de chercher des administrateurs qui pensent comme les fondateurs. Il faudrait changer ce réflexe»