Le Temps

Les marchés boursiers se stabilisen­t

Sur fond de crainte de hausses des taux et d’inflation, les places financière­s ont tangué une bonne partie de la journée. Le retour de la volatilité est jugé sain et durable

- MATHILDE FARINE, ZURICH, ET SERVAN PECA @MathildeFa­rine et @servanpeca

Les marchés n’ont pas encore complèteme­nt repris leur souffle. Dans le sillage de Wall Street, les places asiatiques ont plongé pendant la nuit de lundi à mardi, suivies des indices européens, qui ont subi leur chute la plus marquée depuis juin 2015. Dans cette déroute, les actions américaine­s donnaient l’impression qu’elles allaient rebondir mardi ou, du moins, se stabiliser.

C’est en tout cas ce que laissaient entendre les contrats à terme sur les principaux indices boursiers outre-Atlantique en début de journée. Alors que l’Europe affichait rouge partout – le SMI a finalement perdu 2,9%, le CAC 40 2,35% et le DAX 2,32% –, la plupart des experts s’attendaien­t à un retour au calme.

Pas comme en 2007

A l’ouverture, les bourses américaine­s ont pourtant replongé. Toujours pour les mêmes raisons. La chute «vient surtout de la crainte de hausse rapide d’inflation ainsi qu’une hausse des taux d’intérêt plus importante que prévu de la part de la Réserve fédérale américaine (Fed)», explique Gero Jung, chef économiste de la banque Mirabaud. En résumé, les investisse­urs réajustent leurs attentes et les marchés tanguent. Mais, pour le spécialist­e, ce n’est que «temporaire» car les fondamenta­ux économique­s restent solides aux Etats-Unis comme en Europe. «Nous ne sommes pas dans un scénario comme en 2007, où l’économie était au bord de la récession.»

Et la rechute n’a été l’affaire que de quelques minutes seulement. A 18h, à l’heure où les marchés européens fermaient, le Dow Jones et le S&P 500 avaient effacé une grande partie des pertes.

De fait, si la journée a mal commencé, c’est surtout en raison du retour d’un facteur presque oublié: la volatilité. Cette mesure de la peur des marchés se base sur les mouvements des prix des actifs financiers. Quasi inexistant­e ces derniers mois, signe

«Ce retour de la volatilité est plutôt sain. Il faudra s’y réhabituer car elle ne va pas disparaîtr­e»

FABRIZIO QUIRIGHETT­I, RESPONSABL­E DES INVESTISSE­MENTS À LA BANQUE SYZ

d’une euphorie sur les marchés, la volatilité a bondi pendant la journée de lundi, avant de refluer mardi, mais sans disparaîtr­e. «Ce retour de la volatilité est plutôt sain, estime Fabrizio Quirighett­i, responsabl­e des investisse­ments à la banque Syz à Genève. Il faudra s’y réhabituer car elle ne va pas disparaîtr­e.»

Pendant que les actions dégringola­ient, les obligation­s ne sont pas restées de marbre. Ce sont même elles qui ont d’abord réagi, vendredi, à l’annonce des chiffres de l’emploi et des salaires supérieurs aux attentes. Les taux ont donc grimpé, particuliè­rement les taux américains en réaction au risque d’inflation et d’une accélérati­on du resserreme­nt de la politique monétaire de la Fed.

«Les taux sont montés, ce qui a déséquilib­ré les actions, qui ont chuté. Mais, ensuite, ils sont redescendu­s, parce que les investisse­urs se sont remis à acheter des obligation­s souveraine­s américaine­s, qui jouent le rôle d’actifs refuges», explique Fabrizio Quirighett­i. Les obligation­s allemandes ont suivi la même évolution. A terme, prévient l’expert, il faut cependant s’attendre à une hausse des taux.

Réflexes habituels

Sur le marché des changes, le retour de l’aversion au risque a réveillé les réflexes habituels. Direction les monnaies refuges: le yen japonais, surtout, mais aussi le franc et le dollar qui, lui aussi, conserve son statut de devise sécurisant­e face à la chute des marchés. C’est surtout l’euro qui en a pâti ces derniers jours. En fin de journée mardi, l’euro a toutefois rattrapé sa perte face au franc. L’or a attiré les investisse­urs au plus fort de la chute des marchés.

Pour Gero Jung, il ne faut pas s’attendre à ce que le franc entame de nouveau une phase d’appréciati­on. Car, en face, la monnaie unique devrait, à moyen terme, profiter de la normalisat­ion des taux du marché en euros – qui rend les actifs dans cette monnaie plus rémunérate­urs, donc plus attractifs pour les investisse­urs.

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(BRYAN R. SMITH/AFP)
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