Le Temps

Manchester City, le FC World Company

Mardi en Ligue des champions, le FC Bâle n’affrontera pas un club mais la tête de pont d’un empire comptant six équipes sur quatre continents. Les «Cityzens» ne se contentent pas de la Premier League, ils veulent aussi conquérir le monde

- LAURENT FAVRE @LaurentFav­re

Par le jeu qu’il propose autant que par le trio qui le dirige (l’entraîneur Pep Guardiola, le directeur sportif Txiki Begiristai­n, le directeur général Ferran Soriano), Manchester City est une sorte de nouveau FC Barcelone. Et comme le Barça, mais d’une autre manière, «City» est plus qu’un club. La formule est ici à prendre au sens littéral. L’adversaire du FC Bâle mardi en match aller des huitièmes est le navire amiral d’une flotte qui compte six clubs de football sur quatre continents, deux équipes féminines, 240 joueurs profession­nels sous contrat (sans compter les équipes réserves et les académies), des partenaria­ts et des bureaux dans le monde entier.

L’ensemble est regroupé dans le City Football Group (CFG), une holding fondée en 2014 et détenue à 87% par le Abu Dhabi United Group et à 13% par les fonds d’investisse­ment chinois China Media Capital et CITIC Capital.

Une marque à vendre

Il existe d’autres cas de multi-propriétés de clubs dans le football, comme celui de la marque Red Bull (Leipzig, Salzbourg, New York) ou celui de la famille Pozzo (Udinese, Grenade, Watford). Le projet de City est différent. Red Bull vend des canettes, les Pozzo vendent des joueurs; le CFG vend la marque City.

A Manchester, Ferran Soriano réalise ce qu’on lui interdisai­t de faire à Barcelone: installer le club comme un produit globalisé, dupliquer un modèle, tisser un réseau, occuper le terrain dans les marchés émergents et (City n’ayant pas le passé ni le palmarès du Barça) créer un engouement, développer un attachemen­t. Les fans de New York City ou de Melbourne City ont toutes les raisons de supporter également Manchester City.

A New York et à Melbourne, le vénérable Yankee Stadium et le plus coquet AAMI Park accueillen­t eux aussi des fans vêtus de maillots bleu ciel et se proclamant «Cityzens». Mêmes chants à la gloire de «City», mêmes couleurs, même code graphique dans les logos, mêmes sponsors (Etihad sponsor maillot, plus Nissan, Wix et SAP). Tous ont également la même exigence de résultats. Manchester City survole la Premier League, New York a terminé deuxième de la Conférence Est de la MLS l’an dernier, Girona et Torque ont été promus en première division dès leur première saison sous le giron CFG.

Dirigeants mobiles

Les différence­s de niveau entre les championna­ts (la MLS équivaut sans doute à la Super League, l’ALeague australien­ne à la Challenge League) empêchent pour le moment les échanges de joueurs. Sportiveme­nt, seul Girona (Liga espagnole) est intéressan­t pour Pep Guardiola. Aucun des 24 joueurs de l’effectif de Manchester City n’est passé par l’une des filiales. Dans le sens inverse, quatre Mancuniens sont prêtés à Girona et un à Melbourne (Luke Brattan, qui a passé l’âge d’être un espoir). En Australie, seul le jeune milieu de terrain offensif Daniel Arzani (19 ans) pourrait intéresser Pep Guardiola. Pour l’heure, ce sont surtout les dirigeants qui vont et viennent d’un club à l’autre. A commencer par Ferran Soriano, le CEO des trois «City».

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