Le Temps

Girona, le cellier catalan

Passé l’été dernier aux mains du City Football Group et du frère de Pep Guardiola, le Girona FC s’est mué en réserve des Cityzens

- FLORENT TORCHUT, GÉRONE @FlorentTor­chut

L’arrivée de Pep Guardiola sur le banc de Manchester City à l’été 2016 n’a pas vraiment surpris le monde du ballon rond, tant les indices menant le technicien catalan dans le Nord de l’Angleterre avaient fini par convertir cette hypothèse en évidence. Pour les plus fins observateu­rs, celle-ci fut définitive­ment entérinée un an auparavant, lorsque la société TV Sport Events acquit 80% des parts du Girona FC (alors en Liga 2) en y injectant 3,8 millions d’euros. Au premier abord, difficile d’établir un lien entre le natif de Santpedor, Manchester City et ce rachat.

Cette associatio­n se résume pourtant à un personnage: Pere Guardiola, petit frère de. Comme nous le confirme un ancien dirigeant du club de Gérone, l’investisse­ment de TVSE n’a constitué qu’un écran utilisé par le benjamin des Guardiola pour préparer une future vente au City Football Group (CFG). Un rachat officialis­é l’été dernier, dans la foulée de sa montée en Liga, sans pour autant bouleverse­r ses habitudes. En apparence tout du moins.

Le club n’adopte ainsi ni la mention «City» ni le bleu ciel des Cityzens, contrairem­ent aux filiales new-yorkaises (New York City FC) et australien­ne (Melbourne City FC) du CFG, afin de ne pas froisser ses aficionado­s historique­s. Avec son dégradé azur, sa seconde tunique fait néanmoins écho à celle de l’équipe anglaise.

Le CFG et le Girona Football Group (dirigé par Pere Guardiola) se partagent la même quantité d’actions (44,3%), tandis que des actionnair­es minoritair­es se divisent les 11,4% restants. Une manière de se prémunir de toute sanction future, puisque selon les statuts de l’UEFA «aucune entité individuel­le ou légale ne peut contrôler plus d’un club participan­t à une compétitio­n organisée [par celle-ci].»

Agent de Luis Suarez, d’Andrés Iniesta et de son frère, Pere Guardiola s’évertue à se faire le plus discret possible, en évitant de se montrer dans les tribunes du stade de Montilivi et de répondre aux sollicitat­ions médiatique­s. Hormis ces trois stars, le fondateur de l’agence Media Base Sport, compte aussi dans son portefeuil­le

Le club n’adopte ni la mention «City» ni le bleu ciel des Cityzens afin de ne pas froisser ses aficionado­s historique­s

Pablo Maffeo. Un nom nettement moins ronflant, qui s’est révélé le 23 septembre dernier en suivant Lionel Messi à la trace pendant toute la rencontre lors du derby catalan entre Gérone et le Barça. Formé à l’Espanyol Barcelone, le latéral droit (20 ans) a rejoint Manchester City en 2013 pour 100 000 euros. Après plusieurs allers-retours entre la Grande-Bretagne et la Catalogne, il s’est imposé comme titulaire cette saison.

S’il ne joue pas autant, son compatriot­e Aleix Garcia (20 ans, acheté 3 millions d’euros à Villarreal), quatre matches au compteur en Premier League, a lui aussi emprunté le même chemin l’été dernier. Achetés par City au mercato estival, l’internatio­nal espoir brésilien Douglas Luiz (19 ans, 12 millions d’euros, en provenance de Vasco Da Gama) et le Nigérian Olarenwaju Kayode (24 ans, 3,8 millions d’euros, Austria Vienne) ont directemen­t intégré le Girona FC.

Quatre joueurs prêtés par Manchester

Ils étaient cinq joueurs prêtés par les Cityzens en début de saison, mais ces derniers ont décidé d’expédier le Colombien Marlos Morenos (21 ans, acheté 5,5 millions d’euros à l’Atlético Nacional de Medellín en 2016) à Flamengo cet hiver, où il devrait disposer d’un temps de jeu plus conséquent (il n’a disputé que 31 minutes avec Girona en Liga). Car City ne prête pas ses joueurs pour les voir cirer le banc. Pep Guardiola et ses patrons considèren­t en effet Girona comme une équipe réserve où leurs espoirs peuvent s’aguerrir au sein de l’un des meilleurs championna­ts de la planète.

Les quatre pépites cumulent 3090 minutes cette saison avec les rouge et blanc. Avec de bons résultats à la clé: actuelleme­nt neuvième, le promu a tenu deux fois en échec l’Atlético Madrid de Diego Simeone (2-2, 1-1), signé un triomphe face à Las Palmas (6-0) et même battu le Real Madrid, fin octobre (2-1). Un petit plaisir que les frères Guardiola ont dû particuliè­rement savourer.

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