Le Temps

Le pouvoir des moustaches de Dalí

- PAR NICOLAS DUFOUR @NicoDufour

Il y a au moins deux coups de maître dans La Casa de

papel: la richesse des pistes au niveau de l’intrigue et les masques à l’effigie de Salvador Dalí. A voir les multiples frémisseme­nts sur la Toile, la série espagnole relayée par Netflix semble rencontrer un joli succès chez les abonnés, loin au-delà de son pays. Cette histoire de braquage de la Banque nationale espagnole qui tourne à la prise d’otages, et à l’impression de billets par les braqueurs, constitue une belle aventure télévisuel­le.

Car il ne s’agit pas d’une série Netflix. La Casa de papel a été diffusée dès mai 2017 sur la chaîne privée Antena 3. Celle-ci a découpé la première saison, faite de huit épisodes de 70 minutes, en deux parties distinctes, en mai-juin, puis octobre-novembre. A la fin de l’année passée, Netflix a acheté la série et l’a reconditio­nnée: les épisodes sont raccourcis, donc il en y en a davantage. Treize pour la première partie, la suite viendra en avril. En sus, une deuxième saison est en cours de préparatio­n.

C’est justement dans la durée que la série créée par Álex Pina étonne, puis convainc. Raconter un braquage en 13 épisodes – et ce n’est pas fini – semble périlleux. Le dispositif mis en place par l’auteur marche à plein régime: les moments de formation des braqueurs rassemblés par le cerveau de l’opération, le professeur, puis la prise d’otages, les tensions chez les autorités chargées de faire face, l’étonnante relation, dissymétri­que, entre une policière et le professeur… Le feuilleton dispose de plusieurs tableaux et de deux temporalit­és qui permettent de varier les trames. Il y a bien des manoeuvres dilatoires, comme l’histoire de la voiture à retrouver dans la casse, mais elles ont aussi leur logique.

Et puis, ces saisissant­s masques Dalí que les agresseurs portent et font porter à leurs otages, pour brouiller les pistes, constituen­t la marque de fabrique du feuilleton, au moins pour sa première saison. Ce regard ahuri avec moustache filante, cet air intellectu­ellement hirsute, n’en finit pas de fasciner le spectateur, tout en donnant une espiègle touche espagnole au braquage. A un moment, les assaillant­s voient que l’on parle d’eux sur CNN, ils s’écrient: «Les Espagnols font comme les Américains!» Vu grâce au géant californie­n Netflix, cet instant a une pétillante résonance.

 ?? (NETFLIX) ?? Le masque Dalí, marque de fabrique de la série «La Casa de papel».
(NETFLIX) Le masque Dalí, marque de fabrique de la série «La Casa de papel».

Newspapers in French

Newspapers from Switzerland