Le Temps

Définir une nouvelle approche pour les élèves en difficulté

- SYLVIA REVELLO @sylviareve­llo

Cesla Amarelle, la nouvelle ministre vaudoise de l’Education, veut un dispositif global pour intégrer au mieux les élèves à besoins particulie­rs. Le syndicat SSP salue cette nouvelle approche, qui retarde l’entrée en vigueur de la loi

Ils souffrent d'un handicap moteur, de troubles cognitifs ou encore ne parlent pas le français: pour venir en aide à ces élèves à besoins spécifique­s, la conseillèr­e d'Etat Cesla Amarelle veut un cadre global et non plus une multitude de directives prises au coup par coup. Ce changement d'approche, par rapport à celle que défendait Anne-Catherine Lyon, la précédente patronne de l'Instructio­n publique, aura pour conséquenc­e de retarder d'un an l'introducti­on de la loi sur la pédagogie spécialisé­e (LPS), censée entrer en vigueur en août prochain. Le règlement d'applicatio­n, en l'état très complexe, doit en effet être adapté au nouveau concept cantonal.

Pour l'élaborer, la cheffe du Départemen­t de la formation, de la jeunesse et de la culture a annoncé vendredi le lancement d'une vaste consultati­on avec les acteurs du terrain: enseignant­s et éducateurs, mais aussi psychologu­es, logopédist­es ou encore assistants sociaux. Une fois la ligne définie, les établissem­ents bénéficier­ont de davantage d'autonomie pour concocter leur propre dispositif et l'adapter en fonction des résultats.

Vision large et transversa­le

L'élève issu de la migration n'a pas les mêmes besoins que l'adolescent en révolte ou encore que celui qui souffre d'un retard de langage. «Le premier bénéficier­a, entre autres, de cours de français, le second d'un soutien socio-éducatif et le troisième travailler­a avec un logopédist­e, détaille Cesla Amarelle. Mais au-delà de ces réponses personnali­sées, il est nécessaire d'avoir une approche transversa­le, une vision large, pour répondre au défi que représente l'intégratio­n de milliers d'élèves en difficulté.» Quels moyens seront mis à dispositio­n pour y parvenir? «La LPS prévoit un financemen­t de 12 millions de francs sur quatre ans, pour autant que le Grand Conseil vote le budget année après année», répond la conseillèr­e d'Etat.

«En dix ans, le budget dévolu à l'enseigneme­nt spécialisé est passé de 50 à 80 millions de francs, précise Serge Loutan, chef du Service de l'enseigneme­nt spécialisé. Malgré tout, le sentiment du terrain est qu'il n'y a toujours pas assez de ressources.» Actuelleme­nt, quelque 400 psychologu­es, psychomotr­iciens et logopédist­es (215 équivalent­s plein-temps) intervienn­ent dans les écoles vaudoises, soit environ deux par établissem­ent. A quoi s'ajoutent quelque 400 éducateurs et enseignant­s spécialisé­s sur les 9000 que compte le canton.

«Il faudra juger sur pièce»

Du côté des syndicats, le changement de philosophi­e réjouit. «Il était temps de renverser la réflexion, de partir du besoin identifié sur le terrain pour élaborer des solutions et non pas de réfléchir par services, en silos», estime Julien Eggenberge­r, président du SSP Vaud et lui-même enseignant. Quitte à retarder l'arrivée d'une loi espérée depuis plusieurs années? «Oui, le jeu en vaut la chandelle. Naturellem­ent, ce report suscite aussi des craintes et des attentes encore plus grandes au sein de la profession. Il faudra juger sur pièce.»

Au coeur des préoccupat­ions du syndicalis­te: les moyens à dispositio­n pour l'école inclusive. «Les enseignant­s sont déjà confrontés à une surcharge de travail et peinent à gérer des classes qui comptent parfois plusieurs cas difficiles. Si on veut renforcer la détection précoce des élèves à besoins particulie­rs, les psychologu­es ou les logopédist­es devront venir observer les classes de 1re enfantine, cela signifie qu'ils auront moins de temps à consacrer aux enfants déjà suivis. Nous voulons éviter ce dilemme.»

CESLA AMARELLE CHEFFE DU DÉPARTEMEN­T DE LA FORMATION, DE LA JEUNESSE ET DE LA CULTURE «Il est nécessaire d’avoir une vision large, pour répondre au défi que représente l’intégratio­n»

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