Juncker évoque l’avenir de l’Union europeénne
Le président de la Commission a livré quelques réflexions sur le développement possible de certaines institutions
Quelle Europe et quelle Commission européenne Jean-Claude Juncker souhaite-t-il laisser derrière lui? Le président de la Commission était très attendu sur cette question mercredi à Bruxelles alors qu’il ne lui reste que quinze mois pour peser sur les affaires de l’Union et que son successeur devrait être connu dans la foulée des élections européennes de mai 2019. Jean-Claude Juncker était d’autant plus attendu que ses apparitions devant la presse bruxelloise ont été plutôt rares depuis son entrée en fonction en novembre 2014.
Mais le président n’était visiblement pas à l’heure de l’auto-évaluation hier, ni d’ailleurs aux grands élans sur l’avenir de l’UE. JeanClaude Juncker n’est ainsi pas revenu sur le Brexit qui restera pourtant un échec pour sa Commission, même sans lien direct avec sa personne. Mais il s’est tout de même targué d’une réussite: avoir détaché la Commission des desiderata des Etats membres, l’institution ayant longtemps été considérée, notamment sous José Manuel Barroso, de «secrétariat du Conseil», comme il l’a lui même décrit.
Quel budget après le Brexit?
Le Luxembourgeois a aussi rappelé que sa mission avait été de rapprocher les citoyens du projet européen et de concentrer le travail sur les grands enjeux comme l’économie, le climat ou la migration plutôt que sur les «petits trucs qui emmerdent» les gens. Il a ainsi estimé que la structure imposée à la Commission qui fonctionne avec des vice-présidents et légifère moins avait plutôt fait ses preuves.
Le prétexte de son intervention était cependant d’évoquer la préparation des élections de 2019 et sa succession, qui commence à agiter les couloirs de l’institution, mais aussi le futur budget de cette Union sans Royaume-Uni, un manque à gagner de 10 à 12 milliards d’euros par an. Ce seront les sujets d’une réunion des chefs d’Etat le 23 février.
Sur l’institutionnel, Jean-Claude Juncker a quelques idées qui lui tiennent à coeur même s’il s’est gardé de les présenter comme des consignes strictes à respecter après son départ.
Ainsi a-t-il plaidé pour plus de démocratie européenne. Le Luxembourgeois a dû surtout défendre un héritage actuellement très malmené par les dirigeants européens, en l’occurrence le système de tête de liste européenne qui l’a porté lui-même au pouvoir en 2014 face à son vieil ami Martin Schulz, le fameux système des Spitzenkandidaten. Les dirigeants des 27, Emmanuel Macron en tête, veulent le torpiller et garder les mains libres dans les nominations.
Pas de son «vivant»
Ce système qui consiste à choisir le candidat du parti politique (européen) arrivé en tête aux élections doit être pérennisé, a-t-il plaidé, parce qu’il permet de détacher le scrutin des enjeux purement nationaux. Pour autant, le président Juncker ne veut pas d’automatisme dans cette nomination. Un réflexe d’ancien premier ministre? Les Etats membres devront ainsi eux aussi donner leur feu vert et doublement légitimer le candidat issu du parti vainqueur…
Autre bémol: son souhait de fusionner présidence de la Commission et présidence du Conseil européen pour plus de lisibilité et d’efficacité ne se réalisera peut-être pas de son «vivant». A plus court terme, Jean-Claude Juncker ne croit pas au projet des listes transnationales européennes que préconise Emmanuel Macron et qui ont été rejetées la semaine dernière au Parlement européen. Ce principe qui consiste à créer une circonscription européenne unique s’ajoutant aux listes par pays a sa «sympathie» mais pas celle de son parti, le PPE, et surtout ne sera jamais opérationnel d’ici aux élections de 2019, a-t-il prévenu. Il a cependant promis une chose hier aux journalistes qui l’écoutaient: «Je reviendrai.» Peut-être cette fois pour le vrai bilan.
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