Le Temps

Une question de cohérence démocratiq­ue

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Notre démocratie a ceci de particulie­r, et de surprenant pour le non-initié, qu’elle permet à toute idée ou presque, si elle reçoit l’appui de 100 000 citoyens, d’être soumise au vote populaire. Quand bien même elle nuirait aux intérêts du citoyen lui-même. C’est ainsi que le 4 mars prochain, les Suissesses et les Suisses devront se positionne­r sur une limitation importante de leur droit à la libre formation de l’opinion. La population suisse entretient un lien particulie­r aux valeurs de la démocratie semi-directe ainsi qu’aux libertés et responsabi­lités civiques qui en découlent; aussi elle est fondamenta­lement attachée à une informatio­n impartiale, critique et indépendan­te, corollaire indispensa­ble d’un édifice institutio­nnel séculaire. Or, force est de constater que l’époque est aux «fake news», que les journalist­es sont jour après jour mis sous pression pour produire des contenus plus rentables qu’informatif­s, que les médias traditionn­els peinent à se financer parce que les recettes publicitai­res deviennent anémiques, que nombre de médias sont rachetés par de puissants promoteurs souvent politisés et enfin que les algorithme­s de Facebook nous livrent à chacune et chacun une version du monde expurgée de ce qui pourrait nous déplaire. Dans ce contexte, ce serait un non-sens que la population suisse adopte l’initiative «No Billag».

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